Le phare d'Eckmühl est un phare maritime situé sur la pointe de Saint-Pierre, à Penmarc’h (Finistère). Il mesure plus de 60 mètres de haut. Il a été inauguré le 17 octobre 1897 et doit son nom au titre de noblesse de la donatrice qui l'a en grande partie financé. Il sécurise l'une des côtes les plus dangereuses de France en raison de ses nombreux récifs. Ses murs sont entièrement bâtis en granite de Kersanton et la paroi interne de sa cage d'escaliers est recouverte de plaques d’opaline. C'est aujourd'hui l'un des monuments les plus visités du Finistère. Le phare fait l’objet d’un classement au titre des Monuments historiques depuis le 23 mai 2011.
Le phare d'Eckmühl a été construit à côté des phares précédents, au village de Saint-Pierre. Avant lui ont été utilisés la « Vieille tour », puis le « Phare de Penmarc'h », mis en service en 1835 et prédécesseur direct d'Eckmühl. La France décide dans une loi du 3 avril 1882 de moderniser la signalisation maritime de ses côtes, notamment en procédant à l'électrification de ses phares les plus importants, dont celui de Penmarc'h. Le projet de son nouvel éclairage prévoit un faisceau à 60 mètres de hauteur. Le phare de l'époque mesure 40 mètres et une étude conduit à l'impossibilité technique de suffisamment le rehausser, condition nécessaire à l'établissement d'un éclairage portant en moyenne à 100 kilomètres. En 1890 il est donc décidé de la construction d'un nouveau phare d'une hauteur de 54,20 mètres. Le projet est considéré abouti le 6 octobre 1892, les plans et devis étant acceptés pour une somme totale de 110 000 francs.
Cependant le 9 décembre 1892, la nouvelle d'un financement inattendu vient modifier ce projet. En effet la marquise Adélaïde-Louise d’Eckmühl de Blocqueville lègue dans son testament la somme de 300 000 francs pour la construction d'un phare. Ce phare devra se nommer « phare d'Eckmühl » en l'honneur de son père le maréchal Louis Nicolas Davout (1770-1823), duc d'Auerstaedt, prince d'Eckmühl. Ce titre de noblesse vient de la bataille d’Eckmühl qu'il avait menée le 22 avril 1809 à proximité du village d'Eggmühl en Bavière. La marquise veut que ce nom de triste mémoire soit racheté par les vies sauvées grâce à un phare. Ainsi dans son testament dit-elle : « Les larmes versées par la fatalité des guerres, que je redoute et déteste plus que jamais, seront ainsi rachetées par les vies sauvées de la tempête. »
Le phare est structuré, de bas en haut, comme suit : une base carrée de 1 m de hauteur ; un soubassement carré de 9,43 m ; un socle carré de 2,96 m ; un corps de 32,63 m ; une corniche carrée de 6,81 m ; un campanile de 4 m ; une lanterne de 9,50 m. Ses murs sont entièrement faits de granite de Kersanton et ses fenêtres de chêne de France huilé. Pour accéder jusqu'à la lanterne il faut monter un total de 307 marches. Le campanile est constitué d'une tourelle octogonale entourée d'un balcon en encorbellement permettant d'en faire le tour. Cette tourelle contient une salle dite « salle d'honneur ». Entièrement lambrissée en chêne de France et chêne de Hongrie, on y trouve une statue en bronze de Louis-Nicolas Davout, réduction de la statue érigée à Auxerre en son hommage. La tourelle est percée de sept fenêtres et a une porte en bronze qui donne sur le balcon. Les rebords de celui-ci sont gardés par une balustrade en granite.
Au début du fonctionnement du phare, les marins locaux ont du mal à s'habituer à ce nouvel éclairage qu'ils trouvent parfois éblouissant et dont ils jugent le faisceau trop haut. Des pêcheurs de Saint-Pierre et du Guilvinec formulent des demandes de construction d'éclairages auxiliaires qui se heurtent au refus d'une administration argumentant que les marins se feront à ces nouvelles conditions de navigation avec le temps.
Les habitants de Saint-Pierre vivant dans la misère sont confrontés à la condition envieuse et aux exigences de confort des gardiens de phare qui viennent s'installer. Une plainte est déposée en 1911 contre les gardiens qui sont accusés de profiter et même d'amplifier l'hécatombe d'oiseaux migrateurs, qui parfois s'écrasent contre le phare ou s'épuisent en tournant autour, attirés par la forte lumière (pollution lumineuse). Ils vendraient leur viande illégalement. L'administration des Ponts et Chaussées les couvre, allant jusqu'à retourner l'accusation contre les habitants de Saint-Pierre, mais un gardien est par la suite jugé coupable de contrebande. Le phénomène d'attirance se termine plus tard avec la couverture lumineuse homogène totale des côtes françaises
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