Dimanche 16 août, à 16 h, les premiers concurrents de la 18e édition du Paris-Brest-Paris se sont élancés du vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines. 6.090 randonneurs de l’extrême - dont 362 femmes - sont attendus sur les routes du Grand Ouest, en ce début de semaine. Une première cette année : le nombre de cyclistes étrangers - soixante-six nationalités représentées – est supérieur à celui des coureurs français.
Quinze étapes jalonnent le parcours, long de 1.200 km :
Étape 1 : Saint-Quentin-en-Yvelines - Mortagne-au-Perche (138 km)
Étape 2 : Mortagne-au-Perche - Villaines-la-Juhel (80 km)
Étape 3 : Villaines-la-Juhel - Fougères (88 km)
Étape 4 : Fougères - Tinténiac (54 km)
Étape 5 : Tinténiac - Loudéac (84 km)
Étape 6 : Loudéac - Carhaix (78 km)
Étape 7 : Carhaix - Brest (88 km)
Étape 8 : Brest - Carhaix (83 km)
Étape 9 : Carhaix - Loudéac (82 km)
Étape 10 : Loudéac - Tinténiac (85 km)
Étape 11 : Tinténiac - Fougères (54 km)
Étape 12 : Fougères - Villaines-la-Juhel (88 km)
Étape 13 : Villaines-la-Juhel - Mortagne-au-Perche (81 km)
Étape 14 : Mortagne-au-Perche - Dreux (77 km)
Étape 15 : Dreux - Saint-Quentin-en-Yvelines (63 km)
Cette année, l’Asie est venue en masse comme l’explique un organisateur. On compte ainsi 61 Chinois, 26 Hongkongais, quatre Malaisiens, un Macanais (Macao) et un Sri Lankais. Dans le peloton, aussi de nombreux Bretons. Certains clubs, comme celui, de Rosporden (29) sont venus en nombre avec 17 participants. Michel, d’Ergué-Gabéric (29), est venu, plus modestement, avec deux amis. Ce concurrent ne semble pas stressé outre mesure. « C’est ma première participation. Depuis le premier janvier, j’ai parcouru plus de 10.000 km. Récemment, je suis allé voir ma fille et ma petite fille à Strasbourg. J’ai les jambes. Le mental devrait suivre. Je compte mettre 27 heures pour rallier Brest. Là-bas, ma femme m’attendra avec un cuissard et un maillot secs. Après je verrai ».
De temps à autre, des riverains applaudissent à tout rompre à l’entrée des villages. Les heures défilent. À 1 h 30 lundi 17 août, les premiers randonneurs arrivent à Fougères (35), en terre bretonne. Ville située à mi-distance de Brest et de Paris. « Ils sont repartis très vite, commente un bénévole. Ils ont à peine pris de quoi manger. Pas de sieste réparatrice ». Contrairement à cette dizaine de coureurs qui se partagent des tapis de sol sur les coups de 8 h. Indifférents au bruit.
Non loin de là, Marcel, un médecin retraité bénévole fait le bilan de la nuit. « On a quand même eu trois hospitalisations. Deux pour des chutes et une pour une cause médicale qui n’a rien à voir avec l’épreuve. Un des blessés va pouvoir repartir. On est aussi intervenu assez souvent pour des tendinites. Certains coureurs ne couvrent pas assez leurs genoux. Cela ne pardonne pas ».
Les premiers concurrents du Paris-Brest-Paris, partis dimanche 16 août à 16 h, ont rejoint la ville du Ponant le 17 août à 11 h 30. Avant de remettre immédiatement le cap sur la capitale. S’apprêtant à passer une nouvelle nuit sur leur vélo. (600 km en 19h30 = 30.7 km/h)
Arrivés puis repartis, les plus de 5.000 participants du Paris-Brest-Paris ont jusqu’à demain 20 août 2015 pour rallier la capitale. Entre-temps, ils se seront arrêtés à Brest et auront montré à quel point cette épreuve est synonyme d’humanité, d’entraide, de partage et de dépassement de soi.
Ils sont tous repartis vers Paris d’abord, histoire de boucler l’aventure, puis vers chez eux, aux quatre coins de la planète. L’aventure du Paris-Brest-Paris reprendra dans quatre ans... Et nul doute que la belle histoire vue hier, dans la foule d’anonymes en jersey, continuera à s’écrire sur le grand livre de l’humanité où l’effort, le partage et la simplicité d’un moment fort éclatent en lettres d’or. Dans la cour, les vélos s’empilent.
On prend des nouvelles. On trace la route du retour. On reprend des forces. On roupille sur les bancs. Il y a là une foule hétéroclite réunie par une seule passion et un seul mot, valable d’Helsinki à Séoul à en croire les tricots : « randonneur ». Un état d’esprit où la seule compétition qui vaille est celle que l’on livre à soi-même. « Faut être fou », balance Ralf, Montréalais alerte et plein d’autodérision qui, pour la photo, refuse de montrer ses dents. « L’hygiène, c’est après », se marre-t-il. Après, quand la route se sera refermée sur cette nouvelle aventure et que les anecdotes nourriront la légende de tous et l’intimité de chacun. « Moi, je l’ai fait deux fois, redevient sérieux Denis, à la buvette, et je n’ai jamais vu Mortagne-au-Perche. À chaque fois, je suis passé de nuit. Je peux juste dire que l’on croit être arrivé et que le Perche, ben y’a des sacrées bosses ». Parce que le Paris-Brest-Paris, ce sont 12.000 mètres de dénivelé
Jean-Yves de Montauban-de-Bretagne : « Je viens de Montauban-de-Bretagne et c’est mon troisième Paris-Brest-Paris. C’est aussi très certainement mon dernier parce que j’ai aujourd’hui 72 ans et donc 76 la prochaine fois. Reste que j’aime bien cette épreuve, que j’ai courue en 64 et 69 heures les premières fois, pour l’ambiance générale et le contact avec les coureurs étrangers. Et puis arriver au bout, en moins de 90 heures pour moi cette fois, c’est se prouver des choses et en tirer de la satisfaction. Cette année, c’est le bonheur. Le temps est de la partie et l’encadrement des bénévoles est irréprochable. La réussite, de toute façon, ne peut être que le fruit de toute une équipe ».
Eric de la Suisse : « Je viens de Suisse et je réalise mon premier Paris-Brest-Paris. Là, nous sommes à mi-chemin et je dois dire que c’est très dur. Je me sens fatigué mais je dois rallier Paris en 90 heures et ça devrait le faire. Le passage le plus compliqué jusqu’à maintenant a été le tronçon entre Loudéac et Carhaix, et spécialement la montée vers Saint-Nicolas-du-Pélem. Pfff ! Mais l’ambiance sur le parcours est juste incroyable et les paysages fantastiques. L’organisation est extraordinaire et l’accueil des gens, dans les villages, est magnifique. Il y en a qui veillent jusqu’à pas d’heure pour nous attendre, qui nous offrent du café, de l’eau, des gâteaux. Certains ont même organisé des guinguettes ».
Marie-Jo, du Cyclo-club de Guipavas, effectue, depuis dimanche 16 août, la grande randonnée cyclo sportive Paris-Brest-Paris. Elle est arrivée mardi 18 août à Brest, à 9 h 24 précisément. Ses impressions sur la première partie de l’épreuve : « La première partie s’est bien passée avec une belle météo, mais la nuit a été dure à gérer à cause du manque de sommeil. J’ai été perturbée par le décès accidentel d’un participant (qui se serait endormi sur son vélo) ».
Marie-Jo repartira après un arrêt d’une heure pour se doucher et s’alimenter. Elle aura effectué la première partie en 38 h 09 pour une moyenne totale de 16,2 km/h, arrêts compris. Arrivée prévue le 20 août. Elle se trouvait, le 19 août à Fougères, à 10 h 57, après 921 kilomètres parcourus et plus de 63 heures sur le vélo.