Papa, Léon, né en 1914 a vécu jusqu’à 90 ans. À l’âge de 9 ans, il se rend à pied plusieurs fois par semaine du Plessis-La Trugalle (Neuville-sur-Sarthe – 72) à l’atelier d’un peintre d’œuvres religieuses pour poser comme modèle pour un tableau représentant un ange qui sera installé dans la cathédrale du Mans.
À 11 ans, il devient garçon d’écurie dans un élevage de chevaux de courses à La Guierche (Nord/Le Mans/12 km). Il dort dans la mangeoire des chevaux. Il ne va plus à l’école. Il reste attaché au monde hippique et deviendra jockey.
Il fait son service militaire entre 1937 et 1939. À son retour, en 1939, à 25 ans, il est mobilisé pour la Seconde guerre mondiale. Il sera prisonnier en Allemagne jusqu’à la Libération. Il reprend l’entraînement sur le champ de courses de Vincennes.
Au cours d’un de ces entraînements, en trop monté, il reste accroché aux rennes de son cheval qui s’est cabré après avoir pris peur lorsqu’il trottait parallèlement à un camion fort bruyant qui évoluait à proximité de la piste. Papa n’a pas eu le réflexe de lâcher prise et reçoit alors le cheval qui s'est renversé sur lui.Il a la colonne vertébrale brisée à plusieurs endroits.
Il sera accroché au plafond d’une chambre de la Pitié-Salpêtrière (75013 - Paris) le corps enserré dans un plâtre qui l’immobilise à partir de ses deux genoux jusqu’au menton. Son calvaire va durer un an.
Il sortira sans séquelles de cet accident, puis rencontrera notre maman, Denise en 1948. Ils se marièrent rapidement et mon frère jumeau, Patrick et moi avons vu le jour en août 1951.
Après sa rééducation suite à son immobilisation totale d’une année, il se reconvertira dans l’élevage de porcs, ses connaissances en matière d’animaux domestiques étant très complètes.
Papa m’a transmis son amour des chevaux, et j’ai la chance de vivre des journées de communion avec lui lorsque je me rends sur un hippodrome, ce qui est très rare.
Je souhaitais lui rendre hommage par ces images prises le 15 septembre 2013, à l’hippodrome « Croas-al-Leuriou » à Landivisiau. Nicole m’accompagnait.
Nous avons assisté à une scène terrible qui m’a fait penser à mon père encore plus fort. En effet, à 16h15, une pouliche de quatre ans, préparée pour courir dans la cinquième course (plat de 2 150 mètres) s’est cabrée très haut sur ses pieds postérieurs, tellement haut qu’elle s’est renversée. Il n’y avait pas de jockey sur son dos. Sa chute a été violente, à plat dos, ce qui lui a été fatal, les vertèbres cervicales brisées, elle est morte sur le coup. Je n’ai pu m’empêcher d’imaginer papa dessous lors de son accident de Vincennes, il y a 66 ans.
Le cabré est ce qu'il y a de plus dangereux, ça peut arriver avec un jeune cheval comme un vieux, aussi bien en balade qu’au paddock. C'est le pire vice qui existe, ça n’est pas toujours fatal mais ce dimanche 15 septembre 2013, ça n’a pas pardonné.
Voici une vidéo qui montre le danger du cabré : http://www.youtube.com/watch?v=eGe7JJrBB34&feature=fvwrel
J’ai lu quelques témoignages :
1 - « une de mes juments avait cette mauvaise habitude de se lever dès qu'elle se braquait. Elle s'est déjà retournée, mais ça ne l'avait pas gênée pour recommencer 5 min après... Outre le réel danger pour le cavalier (plusieurs sont morts ou sont restés paralysés quand ils se prennent le cheval dessus), certains chevaux se tuent en se brisant les vertèbres cervicales. »
2 - « Le danger dans le cabré, c'est la probabilité qu'a le cheval de se renverser, lorsqu' il perd l'appui sur l'un ou l'autre des postérieurs et risque alors de basculer de côté ou en arrière. Il faut alors que le cavalier se jette à droite ou à gauche, afin de ne pas se retrouver sous le cheval en cas de chute. »
Certaines situations (agressions d'autres chevaux, excitation excessive due à un environnement nouveau, émotion violente…) peuvent entraîner chez un cheval très émotif et réactif une réaction vers le haut exceptionnelle. Le cavalier tachera de ne pas mettre son cheval dans de telles situations… et de garder son cheval calme.
3 – « Lorsque le cheval se pointe (cabre) violemment et très brusquement, sans aucun contrôle, c'est beaucoup plus dangereux. Attirez alors vivement la tête du cheval de côté. La cabrade est souvent stoppée… Si toutefois le cheval est parti pour se renverser, il chute alors de côté, ce qui est grave mais tout de même moins dangereux ! Les séquelles peuvent être réelles pour le cavalier et le cheval. Le cheval y regardera à deux fois avant de recommencer… Mais certains chevaux recommenceront tout de même. La bonne éducation du cheval et le tact du cavalier devraient éviter cette défense dangereuse et inadmissible du cheval. »