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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 20:27
Espagne : chômage record, sortie de crise pas avant 2013.
L’Espagne comptait au premier trimestre 2012 un actif sur quatre au chômage, dans un contexte de récession : un sombre panorama qui devrait durer jusqu’en 2013, nourri par une cure de rigueur sans précédent. L’abaissement de la note d’«A »  à « BBB » en avril dernier a renforcé les inquiétudes sur la capacité espagnole à redresser la barre.
Espagne-drapeau.pngEspagne – 30 avril 2012. Des manifestations massives contre l’austérité.
En adoptant un plan de rigueur visant les secteurs de santé et l’éducation, le gouvernement espagnol a déclenché la colère de centaines de milliers de personnes. Les manifestants dénonçaient : « C’est criminel de couper dans la santé », « peuples d’Europe, levez-vous ».
La révolte est sérieuse, les travailleurs Espagnols disent : « Les coupes dans la santé et l’éducation, c’est la dernière chose que nous pouvions supporter. Qu’est-ce qui nous reste ? Nous n’avons même plus de travail. Ils nous pressent jusqu’à l’asphyxie. »
Engagé dans une course à la réduction du déficit, le gouvernement conservateur espagnol a adopté un plan de rigueur espérant ainsi générer 10 milliards d’euros d’économies par an dont 7 dans la santé et 3 dans l’éducation. Les retraités vont payer leurs médicaments, jusque-là gratuits, et les immigrés sans papiers auront moins facilement accès aux urgences et en pédiatrie. Les frais d’inscription à l’université vont passer de 1.000 € à 1.500 € en moyenne.
Et pendant ce temps la Commission européenne préparait un plan  de 200 milliards d’euros d’investissements publics et privés pour réactiver la croissance en Europe.
Espagne-alhambra-GRENADE.jpg   
L’Espagne essaie de rassurer l’Europe le 29 mai 2012.
Le chef de l’exécutif, Mariano Rajoy, privilégie une solution nationale pour sauver le secteur bancaire, mais  il reconnaît de graves difficultés. BANKIA, quatrième banque du pays, a besoin de 19 milliards d’euros de financement public supplémentaire… L’Espagne pourrait se trouver dans l’obligation d’utiliser des fonds externes pour la recapitalisation de ses banques. Madrid veut conserver le contrôle de son secteur financier, mais en a-t-elle les moyens ? En plus du cas Bankia, trois autres banques (Caixaa Cataunya, Nova Galicia et Banco de Valencia) nécessitent 30 milliards d’euros pour atteindre les objectifs de provisions fixés par le gouvernement. Et quand le gouvernement central doit garantir les émissions des régions espagnoles qui doivent refinancer 35 milliards d’euros, difficile de ne pas devoir recourir à l’intervention sur les marchés de la Banque centrale européenne et de prêts du Fonds de stabilité européen concédés directement aux banques.
La crise pèse sur le tourisme en Espagne (5 juin 2012)
L’Espagne, 3ème destination touristique au monde avec 56 millions de touristes qui dépensent en moyenne 996 $. Le chômage baisse en mai en raison du début de la saison touristique, mais le nombre d’emplois créés, 30 000, est deux fois moins élevé qu’en mai 2011. En avril, le nombre de touristes a baissé de 1,7 % sur un an.
 
Ce début du mois de juin (2012) la Chine est très inquiète de la crise dans la zone euro et redoute que la Grèce sorte de la zone euro, car le gouvernement grec a demandé à la Banque centrale et aux responsables financiers de préparer un plan d’urgence. Le risque  de sortie de la zone euro de la Grèce est estimé à « au moins un sur trois » par l’agence de notation financière Standard & Poor’s.
Comme la plupart des pays émergents, la Chine achète de moins en moins d’euros sur les marchés. Les banques centrales de ces pays qui, comme l’Inde, les Philippines, l’Indonésie, étaient parmi les meilleurs clients de la monnaie européenne afin de diversifier leurs réserves de change en sont devenues les premiers revendeurs.
Le Portugal : 6,65 milliards pour trois banques. L’Europe poursuit la recapitalisation des banques de pays de la zone euro placés sous plan de sauvetage. Après la Grèce, c’est le Portugal qui s’apprête à injecter 6,65 milliards d’euros dans trois de ses banques (BPC, BPI et la banque publique CGD) afin qu’elles puissent respecter les exigences de capital de l’Autorité bancaire européenne.  Cette recapitalisation est obtenue en grande partie grâce plan d’aide de 78 milliards d’euros de l’UE et du FMI. Le Portugal qui a respecté tous les objectifs fixés par la Troika, notamment la baisse des déficits publics à 4,5 % du PIB en 2012, a reçu le feu vert de ses créanciers pour toucher la cinquième tranche du plan. Mais l’austérité a ses revers : chute de PIB de 3% en 2012 ; hausse de la dette à 118 % du PIB en 2012 ; et un taux de chômage de 15,5 %.
Le Président du Conseil européen, H. Van Rompuy souhaite une intégration monétaire plus poussée pour renforcer l’l’UEM. 56 % des Finlandais se prononcent en faveur d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Et Chypre fait appel à l’aide européenne pour recapitaliser la deuxième banque de l’île à hauteur de 1,8 milliards d’euros. La Banque populaire de Chypre, avec 49 % de créances en Grèce est particulièrement exposée. Les banques chypriotes ont vu se volatiliser 3 milliards d’euros de créances lors de l’annulation partielle de la dette d’Athènes. 19 milliards d’euros de prêts, soit le tiers de toutes les créances chypriotes, concernent des banques grecques.
Espagne-carte   
Espagne le 19 juillet 2012 : Le cri du peuple espagnol contre la rigueur. L’Espagne, pieds et poings liés à Bruxelles.
Les Espagnols grondent contre les coupes sociales décrétées par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy. Les fonctionnaires figurent parmi les principales cibles du plan de rigueur de 65 milliards d’euros : prime de Noël supprimée et jours non travaillés réduits. Ces mêmes fonctionnaires ont déjà subi une baisse de salaire de 5 % en 2010 et une hausse des heures travaillées en 2012. Le pouvoir d’achat, déjà fortement écorné par quatre ans de crise et 24 ,4 % de taux de chômage, a reçu le coup de grâce avec la hausse de 3 points de la TVA (de 18 % à 21 %) et la réduction des prestations chômage. Les Espagnols étranglés, se sentent désespérés par une situation économique qui ne s’améliore pas malgré les plans d’austérité qui se succèdent depuis 2010. L’Union européenne a reporté d’un an, de 2013 à 2014, les objectifs de déficit de 3 % du PIB de l’Espagne. Mais ceci n’est pas gratuit : il a même durci les exigences européennes en matière d’équilibre des comptes.
mi-juillet 2012 : Espagne : le chômage explose, les mesures d’austérité se multiplient et la population n’en peut plus.
Au pays de Cervantès, c’est tout un peuple qui a l’impression de se battre contre des moulins à vents. Une mécanique inexorable impulsée par Bruxelles. Censée sauver l’économie, elle semble au contraire la faire couler à pic : suppression d’emplois, salaires et pensions de retraite  amputés, investissements en berne. Déjà étranglés, les ménages affrontent une hausse de TVA. A l’angoisse se mêle un fort sentiment d’injustice, car avant la crise des marchés financiers, l’Espagne avait bien géré sa dette. Aujourd’hui le chaos espagnol menace la France et toute la zone euro. L’Europe doit de toute urgence changer de méthode.
Analyse de Paul KRUGMAN, prix Nobel d’économie
La Grèce a été irresponsable sur le plan fiscal, alors que, jusqu’à une date récente, l’Espagne affichait un excédent budgétaire. Certes, il reposait sur du sable. Mais il n’y a pas eu d’abus comme en Grèce. Les maux espagnols viennent de la spéculation immobilière. La bulle a éclaté. Les banques sont fragiles. Elles ont besoin d’être aidées. Il n’y a aucun rebond économique en perspective. Le problème numéro un de l’Espagne, c’est la compétitivité. Elle doit relancer ses exportations. L’Europe impose des sacrifices aux Espagnols sans que personne ne soit capable d’en chiffrer précisément les bénéfices.  
L’éclatement de l’euro serait une catastrophe. Mais certains pensent que, pour cette raison, on met tout en œuvre pour l’éviter. C’est une grande illusion.
L’état de la France : les déficits budgétaires seront plus importants que prévu, mais ce n’est pas grave. Les marchés ne voient pas la France comme un pays à risque. Les taux d’intérêt à court terme sont bas. Ils sont même négatifs, ce qui prouve que la France n’est pas sous pression financière. La France montre qu’en économie, on peut faire des choix différents ; la France et les Etats-Unis ont de nombreux points communs, notamment au niveau de la productivité élevée. Mais la France accorde de longues vacances et des départs à la retraite très avancés. D’où un PIB par tête inférieur de 25% à celui de l’Amérique. Mais l’économie française fonctionne très correctement, quoi qu’en disent les conservateurs de tout poil. Le président Hollande n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. Il ne peut pas relancer l’économie par la dépense publique. La seule chose qu’il puisse faire, c’est modifier  l’équilibre des pouvoirs en Europe. L’euro ne sera sauvé qu’au niveau européen. Il faut que les sommets européens fassent preuve de plus de conviction. Sans cela, l’euro explosera. Aujourd’hui, il y a 50 % de chance pour que les tenants de la ligne dure l’emportent. Si l’euro survit, tout le monde dira que l’élection du nouveau président de mai en France aura modifié l’équilibre des pouvoirs en Europe.
Début 2012, l’euro était attaqué par la spéculation. Les gouvernants auraient pu agir pour changer de cap et prendre les bonnes décisions. Ils ont simplement gagné du temps. Heureusement la riposte de Mario Draghi, le nouveau président de la Banque centrale européenne a porté ses fruits; son opération massive de refinancement (LTRO) équivalait à un achat déguisé d’obligations européennes. Mais sur le fond, rien n’a changé. Au final, la probabilité d’une explosion de l’euro ne faiblit pas.
Espagne-Palacio_Real_de_Madrid.jpg   
SAUVER l’EURO : en tolérant un certain niveau d’inflation, de l’ordre de 3% pendant cinq ans, ce qui n’est pas énorme. L’Allemagne doit mettre un terme à sa politique d’austérité et laisser filer quelque peu les déficits. C’est le seul moyen pour permettre à l’Espagne  de recouvrer sa compétitivité : ses salaires doivent être inférieurs d’environ 20 % à ceux de l’Allemagne pour que ses exportations repartent.
Le déficit public est nécessaire quand le secteur privé cesse d’investir. En période de récession, c’est à l’Etat de prendre le relais, selon KEYNES (comme en 1936). Une fois la croissance revenue, l’Etat peut se mettre à la diète. En Europe, on n’y est pas encore. L’Espagne fait penser à la Floride. Crise immobilière, chômage galopant… la grosse différence, c’est qu’en Floride on sait qu’on peut compter sur Washington pour renflouer les banques. En Espagne, il faut batailler pour que Francfort fasse la même chose.
Quelles seraient les conséquences d’une disparition de l’euro ? Catastrophiques pour le monde entier. Economiquement, la France s’en relèverait au bout de trois ou quatre ans. Mais ce serait un coup terrible pour la construction européenne. On verrait partout la montée de la xénophobie et des extrémismes. Il y aura de nouvelles attaques contre l’euro. La BCE doit être disposée à prêter beaucoup d’argent aux banques et acheter de gros paquets d’obligations européennes. Sinon, on risque le scénario argentin : décrochage de la monnaie avec réapparition des nouvelles devises locales (drachme, peseta et peut-être franc). L’euro pourra continuer à survivre comme ça jusqu’à mi-2013. Au-delà, si rien ne change, il ne pourra se maintenir. Quand on regarde chaque matin le taux d’intérêt des obligations espagnoles à dix ans, on s’aperçoit qu’on est aujourd’hui au bord du gouffre. La crise de l’euro est surtout un problème technique, et non l’essoufflement général du génie ou de l’esprit d’entreprendre européen.
Espagne-Mariano_Rajoy_-diciembre_de_2011-.jpg   
 

 
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