LA MARTYRE
Le plus ancien des "grands enclos".
L'ancêtre des grands clochers (XIV° siècle, sur des fondements plus anciens), l'aînée des portes triomphales (vers 1450), l'ancienneté inhabituelle du porche (milieu du XV° siècle), les peintures murales de la nef...
L'enclos de la Martyre nous fait remonter aux origines médiévales des "grands enclos".
POURQUOI UNE TELLE PRECOCITE?
Parce que nous sommes peut-être dans "un lieu de mémoire", celui du martyr du roi Salomon de Bretagne (874) dont l'église conserve les reliques. Mais surtout parce que s'est développée ici une foire de rayonnement international jusqu'au XVII° siècle.
Chaque mois de juillet, le bourg attire les marchands venus de tout l'ouest mais aussi de Flandres, d'Angleterre sinon d'ailleurs.
La grande verrière du choeur ne s'inspire-t-elle pas d'une oeuvre d'un graveur allemand, Iost de Necker, dont le verrier a reproduit fidèlement la signature.
A partir du XIV° siècle, les revenus de la foire, mécénat conjoint des ducs de Bretagne et des Rohan autorisent des réalisations ambitieuses: le clocher s'inspire des flèches de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon.
Le porche, que l'usure du temps et les restes de polychromie rendent particulièrement émouvant est riche de détails d'une grande finesse: le sourire de la Vierge Condrée du tympan, mais aussi cet ange annonçant la naissance du Christ aux bergers dont l'un joue de la crosse...
Et pourtant, l'intérieur du porche réserve la surprise d'un bénitier où l'Ankou, armé d'un dard - la Mort - emporte la tête d'un jeune homme.
PLOUDIRY: SOUS L'EGIDE DE L'ANKOU.
L'ensemble de PLOUDIRY frappe d'abord par ses dimensions.
Un vaste enclos, trois entrées monumentales, une grande église, un spacieux ossuaire: il faut dire que la paroisse était très étendue, et englobait à l'origine les territoires de la ROCHE-MAURICE, PENCRAN, la MARTYRE, PONT-CHRIST et LOC-EGUINER-PLOUDIRY.
Aujourd'hui encore, son clocher sert de repère à tout le plateau environnant et se voit de bien au-delà.
Mieux que d'autres, l'ossuaire laisse deviner la fonction qu'était la sienne lors de sa construction (1635): abriter les ossements provenant des tombes de l'église, qu'il était nécessaire de vider périodiquement.
Les niches, alors dépourvues de fenêtres laissaient donc voir les ossements, que les fidèles aspergeaient d'eau bénite. "Bonnes gentz qui par icy passez, priez Dieu pour les trépassez" invite l'ange du bénititer de gauche.
A l'étage supérieur, un paysan, une femme, un juge et un noble sont à égalité devant la Mort, personnifiée sous les traits de l'Ankou, squelette armé d'un dard.
A PLOUDIRY comme ailleurs, la mort est très présente dans les mentalités comme dans le quotidien de la population: même en plein âge d'or de la Bretagne, les épidémies font rage, notamment dans les années 1630.
Si le calvaire de l'enclos est modeste, le porche de l'église (1665) varie avec ambition le modèle Renaissance inauguré à LANHOUARNEAU (1582) et SAINT-HOUARDON de LANDERNEAU (1604).
Bien que dépourvu de couronnement, il s'inspire par la finesse de sa sculpture et l'originalité de son décor intérieur. On y remarque deux sphynx, thème popularisé au siècle précédent par la Porte égyptienne du Château de Fontainebleau.
Quant à l'église reconstruite en 1700 (le clocher en 1854), son architecture neutre met en valeur les deux rétables des transepts, oeuvre de Jean Berthouloux qui fut dans les années 1650 le grand rétablier de la région.
Et face à la remarquable chaire à prêcher, un ange soutient la tête du Christ dans une très délicate Pieta.
Bonne journée, DIDIER