Qu'est-ce qu'un enclos paroissial?
L'enclos paroissial désigne l'espace cerné par un mur, renfermant l'église et diffrentes annexes:
* le cimetière, aujourd'hui souvent dépourvu de tombes,
* l'entrée monumentale donnant accès à l'enclos,
* le calvaire,
* l'ossuaire destiné à l'origine à recevoir les ossements provenant de l'église,
*le porche et la sacristie annexés à l'église.
La notion d'enclos paroissial a été forgée dans la région du Finistère nord. Non que le Léon en ait le monopole: que l'église soit entourée d'un cimetière clos est un principe général à la fin du Moyen-Age.
Mais ici, l'église et ses annexes ont bien une monumentalité exceptionnelle. Parce que les enclos ont bénéficié de la prospérité de lâge d'or breton (XV°-XVII°S) particulièrement là où l'on fabriquait les toiles de lin.
Parce qu'ils ont bénéficié d'un contexte intensément religieux, un catholicisme roman unanime, cherchant à impressionner, à éduquer, à séduire; un catholicisme breton aussi, très attaché à son clocher, à ses saints et à ses morts.
Le circuit des enclos: les 23 enclos paroissiaux entre Brest, Landerneau, Landivisiau et Morlaix:
Saint-Thégonnec, Ploudiry, Guimiliau, Plounéour-Menez,
Lampaul-Guimiliau, Commana, Plourin-les-Morlaix, Pleyben,
Saint-Servais, Sizun, Saint-Herbot, La Roche-Maurice, Dirinon,
La Martyre, Bodilis, Loc-Eguiner, Locmélar, Pleyber-Christ et Plougouven.
PENCRAN: Quand la tradition s'ouvre à la nouveauté.
images de PENCRAN
Dans une région qui a largement succombé aux séductions de la Renaissance puis du baroque, PENCRAN offre une église gothique encore proche de kla chapelle que les habitants ont voulu reconstruire en 1553, "en l'honneur de Dieu, de la Vierge et de Sainte Appoline", comme on peut le lire sur le porche.
Un volume simple, une nef et ses bas-côtés, sans chapelles adjacentres; un chevet plat comme on les conçoit à la fin du Moyen-Age, percé d'une grande verrière flamboyan,te; à l'intérieur, point de rétable mais un mobilier gothique dont la pièce maîtresse est la descente de la croix, magnifique groupe sculpté en 1517.
images de La Martyre
Cette atmosphère gothique, les siècles suivants l'ont globalement respectée peut-être par scrupule d'y porter la main. La grande réussite est le porche sud entièrement en kersanton, remarquable par sa conception et son décor. Si le groupe de la Nativité du tympan est mutilé, les voussures regorgent de feuillages, d'anges et d'épisodes de l'Ancien et du Nouveau Testament.
A l'intérieur, les restes de polychromie sont manifestes. Un sommet du gothique breton... mais au milieu du XVI° S., les habitants de PENCRAN n'ignorent pas le goût nouveau de la Renaissance, et ils le réservent au premier des apôtres: à l'intérieur par le dais surmontant Saint Pierre.
La Renaissance est donc là, mais elle s'épanouit en dehors de l'église, dans cet ossuaire de 1594 qui dit sans ambage ce qu'il est, en caractères romains et en langue bretonne: chapelle de Saint Eutrope et charnier pour mettre les os du peuple.
L'enclos de PENCRAN comporte aussi deux calvaires: du côté nord, trois fûts s'élèvent au-dessus de l'entrée monumentale. C'est peut-être ici, en 1521, qu'a germé l'idée de la double traverse qui permet de multiplier les personnages: elle fera bientôt école dans toute la région.
Le côté sud a aussi son calvaire,avec à son pied la même figure de Marie-Madeleine.
La Roche-Maurice
images des enclos de PENCRAN, de La MARTYRE, de PLOUDIRY, de La ROCHE-MAURICE et de SIZUN.