Classifications des phares :
Selon leur utilité pour la navigation :
Les phares de « grand atterrissage » marquent les tournants des routes de navigation (exemples : Créac'h, à Ouessant );
Les phares et feux d'« atterrissage secondaire » ou de « jalonnement » des côtes qui précisent le tracé d'une route très fréquentée;
Les phares et feux d'« entrée de port » balisent les estuaires et les ports.
Selon leur portée :
Les phares de « premier ordre » (60 km de portée); les phares de « second ordre » (40 km); les phares de « troisième ordre » (28 km).
Selon leur éclairage :
Les phares dits « feux à secteurs » présentant différentes couleurs sur tout l'horizon (généralement blanc pour une navigation saine) se distinguent des phares qui présentent une seule couleur.
Les phares dits « feux de direction » éclairant un secteur étroit (exemple : le phare de Trézien, au nord-ouest de Brest), avec le cas particulier des phares dits « feux d'alignement » qui, ensemble, indiquent en outre un axe (exemple : l'alignement de feux permettant l'accès au port du Havre), se distinguent des phares qui éclairent sur une grande partie de l'horizon.
Selon l'intérêt pour les gardiens de phare :
En fonction de la dureté des conditions de vie à l'intérieur, les gardiens de phare français désignaient les phares selon trois appellations :
Les paradis, phares situés à terre, les purgatoires, phares situés sur des îles, les enfers, phares isolés en mer, qui impliquent en plus des relèves dangereuses.
Cette classification correspondait également à une progression de carrière, qui commençait dans un enfer pour terminer dans un paradis.
Les bateaux-phares, ou bateaux-feux, étaient des navires conçus spécialement pour supporter des feux là où la construction d'un bâtiment en dur était impossible. Utilisés du milieu du XVIIIe siècle à la fin du XXe siècle, ils ont presque tous été remplacés par des bouées automatiques. En France, le dernier a été le Sandettié, retiré en 1989.
Le signal lumineux émis par un phare ou un bateau-phare a des caractéristiques spécifiques qui permettent aux marins de l'identifier et de l'utiliser pour déterminer leur position et leur route.
On distingue :
les feux scintillant : les signaux de lumière sont très brefs et très rapprochés
les feux à éclats courts ou longs : ils émettent brièvement un ou plusieurs signaux de lumière. Les périodes d'extinction sont plus longues que les périodes de lumière.
les feux isophases : la durée des périodes de lumière et d'extinction sont identiques
les feux à occultations : les périodes d'extinction sont plus courtes que les périodes de lumière.
La signature complète du phare est fournie par :
la couleur du signal lumineux : le plus souvent blanc (visible de plus loin), parfois rouge. On évite d'utiliser le vert car il peut être confondu avec le blanc à une longue distance. Dans le cas particulier des feux à secteur, le signal émis est composé de plusieurs couleurs : il est généralement visible en blanc de la zone de navigation saine, en vert et rouge des zones dangereuses situées à bâbord et tribord de la zone saine.
le nombre des éclats lumineux ou des phases d'obscurité
la période au bout de laquelle le feu reproduit la même séquence d'éclats et périodes d'obscurité : par exemple 15 secondes
Pour éviter toute erreur d'identification, deux phares situés dans la même zone de navigation n'auront jamais les mêmes caractéristiques.
Les signaux émis par les phares, la description des phares (hauteur du phare, hauteur au-dessus du niveau de la mer), leur portée théorique et leur position sont fournis dans des ouvrages publiés par les services hydrographiques (le SHOM pour la France).
Le phare (Didier Venturini, 1998)
Il a toujours été là
Comme érigé par les vents
Pour qu’il puisse être ce mât
Enchassé dans l’océan
Et même si des carcasses gisent
Comme des monstres de fer crevés
Au pied de ces tempes grises
Faites de sel sur les rochers
Il a l’œil sur les ressacs
Colosse au squelette de pierre
Combien d’Ulysse loin d’Ithaque
Lui doivent leur retour à terre
Dans les abimes de la nuit
Sur l’incertitude des heures
Quand le soir se sait promis
Aux égarements des douleurs
Quand la colère des flots fume
Et qu’elle déchire les récifs
Que des écharpes de brumes
S’enroulent à son corps massif
Il tend son flanc souverain
Aux torpeurs enivrantes
Affilé par les embruns
Et leurs étreintes conquérantes
Sur l’autel de ses écumes
Dans l’orgie de ses reflux
Quand sous ses quartiers de lune
La peur déroule ses affûts
Il émerge de cette attente
Epuisé par les aguets
Et les craintes de ces tourmentes
Qui menacent de leurs ivraies
Ce n’est que dans les aurores
Qu’il détend son col de nuit
Puis renaît de ses efforts
Et de ces scènes d’agonies