Réformateur austère et rigoureux Saint Bernard n’est pas un cœur sec. La chaleur de ses sentiments apparaît dans sa dévotion à la Vierge, son lyrisme dans ses sermons sur le Cantique des Cantiques et dans sa tendresse paternelle pour ses moines et même pour ses adversaires. Saint Bernard est né en 1090 au château de Fontaines, près de Dijon. Il fait de solides études classiques à l’école des chanoines de Saint Vorles de Chatillon-sur-Seine. D’une famille noble, il se sent attiré tout jeune par la vie religieuse et, dès l’âge de vingt-deux ans, son ardente piété lui fait embrasser la vie monastique. Son magnétisme est déjà grand, puisqu’il entre à Cîteaux accompagné d’une trentaine de compagnons et il donne bientôt une impulsion nouvelle à l’abbaye de Cîteaux. Son influence va dominer l’ordre cistercien ? Bernard fut canonisé en 1174 et proclamé docteur de l’Eglise en 1830.
Dès 1115, Etienne Harding charge Bernard de fonder une nouvelle abbaye dans un vallon retiré comme c’est l’usage des Cisterciens. Le Val d’Absinthe, sur la rive gauche de l’Aube, est offert par un parent de Bernard. C’est là que prend naissance l’abbaye de Clairvaux, l’une des quatre filles de Cîteaux (avec La Ferté en 1113, Pontigny en 1114 et Morimond en 1112). Bernard impose une discipline de vie modelée sur la sienne, vouée à la prière, à l’austérité et à une extrême simplicité.
La troisième fille de Cîteaux a été fondée en 1115. Son premier abbé fut Saint Bernard. De l’abbaye Clairvaux I (1115) ne subsistent que très peu de vestiges, de Clairvaux II (1134) nous parvient le bâtiment des convers, le plus grand de France avec cellier, dortoir et combles sur 2 travées et 3 nefs. L’église, a été rasée au début du 19ème siècle. Elle servit de modèle à un grand nombre d’églises cisterciennes. Le monastère fut reconstruit au 18ème siècle (Clairvaux III). Les hôtels de l’abbé et du prieur, la cour d’honneur, les écuries, la boulangerie, le grand cloître et la salle à manger datent de cette époque. Devenu centre pénitentiaire depuis 1806, Clairvaux est toujours une des prisons les plus fermées de France.
Sollicité par le roi de France Louis VII et par le pape Eugène III, ancien moine de Clairvaux, Saint Bernard accepte de prêcher la deuxième croisade. Sa première prédication à Vézelay (31 mars 1146) déchaîne l’enthousiasme. En décembre suivant à Spire il décide l’empereur Conrad II à se croiser.
La Chalade.
Fondation - Vers 1120 deux moines bénédictins, Robert et Ricuin, cherchant plus de solitude et une vie plus austère, quittent leur abbaye Saint-Vanne à Verdun (Meuse) et s’installent dans un lieu désert appelé La Chalade. Lorsque, en 1124, l’un des deux est élu abbé de l'abbaye de Beaulieu et le second est envoyé au monastère cistercien de Trois-Fontaines, fille de Clairvaux, l’aventure semble déjà terminée.
Histoire - Prospérité et expansion - L’abbaye se développe rapidement, en partie grâce à de généreuses donations. Le nombre de moines est important au point qu'en 1147 Lachalade est déjà en mesure de faire une fondation : ce sera Chéhéry. À côté du travail traditionnel de la terre l’abbaye développe des tuileries et verreries forestières qui lui fournissent des revenus. L’église possède encore trois dalles funéraires des années 1270-1280.
L’abbaye d’hommes de La Chalade fut fondée par deux moines, Robert et Ricuin, de l’abbaye bénédictine Sainte-Vanne de Verdun, vers 1120, grâce à Mathilde, dame de Vienne, et son fils Walter et avec l’approbation d’Henry de Winchester, évêque de Verdun. Robert ayant été nommé abbé de Beaulieu, abbaye bénédictine proche, Ricuin obtint de l’abbé de Trois-Fontaines l’envoi de religieux cisterciens pour reprendre la récente fondation. L’abbaye se développa par l’afflux de nobles des environs. On lui doit, dans les années et les siècles qui suivirent, les défrichements de la vallée de la Biesme et de l’Aire, et l’établissement de nombreux fours à verre dans la forêt d’Argonne. L’abbaye fonda en 1147 une autre abbaye cistercienne à Chéhery (Ardennes).
En 1791, l’abbaye comptait dix religieux et ses revenus étaient modestes. L’église ne fut pas démolie, mais entièrement affectée à la paroisse de La Chalade. Elle échappa de peu à la destruction pour cause de très mauvais état vers 1827. La volonté des curés et des maires la sauva, mais elle eut encore à subir d’importants dégâts durant les deux guerres mondiales. Quant aux bâtiments conventuels, leurs deux ailes furent vendues en 1791 à des familles de gentilshommes-verriers et leurs descendants les occupent toujours. L’abbaye de La Chalade est la seule abbaye cistercienne meusienne dont l’église et les bâtiments existent toujours à la fin du XXème siècle.
Avanti ! Avanti ! Viva la France, Viva l’Italia, les Garibaldiens. Argonne 14-15 ; Bois de Bolante – 300 morts et disparus, 400 blessés.
En décembre 1914, je commandais la 10ème division qui reçut comme renfort le 4ème de Marche du 1er Etranger composé de Garibaldiens. Le régiment avait pour chef le colonel Peppino Garibaldi et cinq de ses frères servaient sous ses ordres. Le régiment fut engagé le 26 décembre sur le plateau de Bolante. L’un des six frères, Bruno, y fut tué.
Une semaine plus tard, le 5 janvier, les Garibaldiens enlevèrent brillamment les tranchées allemandes des Courtes-Chausses. Un autre Garibaldi, Constante, y fut encore tué. Ces grands souvenirs de courage et de sacrifice ne peuvent être oubliés. Général Gouraud, 1939.
26 décembre 14. « J’ai quitté le quartier général à 4 heures 30, pour aller au poste de commandement avec le général. À l’aube nous avons envoyé 1400 obus en quelques minutes, 100 chacun à partir de 14 batteries différentes de 4 canons chacune, et le obus passaient juste par-dessus nos têtes, tu peux imaginer le bruit et le désordre que cela provoquait. Après cela, nous avons envoyé dans l’air beaucoup de Boches grâce à l’explosion de mines sous leurs tranchées, la panique causée par les obus et les mines nous a permis de leur prendre 3 tranchées et 116 prisonniers avec 5 mitrailleuses. Tu devrais voir la foule quittant la plaine après une attaque de ce type, les blessés capables de marcher, les blessés et morts sur les civières, les prisonniers et leurs gardes. »
« Tout est fait pour rendre un dernier hommage aux héros tombés. Gouraud rend hommage aux morts et Peppino affirme que lui et ses frères sont prêts à mourir pour la cause pour laquelle Bruno est déjà tombé. » « J’étais désolé de croiser le corps mort d’un autre fils de Garibaldi (Constante). Quelle brave famille… » « La guerre endurcit les cœurs, et à la fin on s’habitue tant à la vision des morts et des blessés qu’on n’y prend plus garde. J’étais dans une église où des morts attendaient d’être enterrés. Demain, ils seront mis dans une fosse commune, vêtus comme ils sont tombés ; les cercueils étant très rares. On trouve la mort dans des situations incompréhensibles, et souvent on n’en croit pas ses yeux. On s’habitue à tout durant la guerre. »
« Si nous devons prendre tranchée par tranchée, il finira par y avoir plus de tranchées que d’hommes. Non ! Nous devons obtenir la victoire par un autre moyen, qui est fort difficile à déterminer. »
« Je suis au cœur des combats au quotidien avec des balles et des obus qui sifflent tout autour de nous. Je conduis et interprète pour le général Gouraud tous les jours. Il se déplace partout et observe tout… mi-décembre 1914 : j’ai été le témoin de batailles superbes, quoique horribles, car les combats sont désormais le fait de l’artillerie et du travail souterrain. La guerre aérienne est interrompue et n’a pas apporté les résultats escomptés. » « Je commence à me demander si je n’ai pas vu assez des horreurs de la guerre. C’est épouvantable de voir ses officiers et amis tomber autour de soi. »
« Une nuit que je n’oublierais jamais, nous conduisions à travers une forêt qui grouillait d’Allemands. Notre progression était souvent stoppée par les corps des blessés, les cadavres et les chevaux morts qui jonchaient le sol. Cela étant dit, ce matin nous avons fait sauter de nombreux « Boches » dans leurs tranchées. Quelle guerre ! » « J’ai appris la mauvaise nouvelle concernant la blessure du général Gouraud alors que j’écrivais cette lettre en attendant son retour vers le bus. Une balle a transpercé son épaule. » « ….. sa blessure ne l’a pas empêché de donner ses ordres. Il est trop actif et courageux pour abandonner, il a été récompensé par des résultats exemplaires. Je le conduisais de nouveau, trois jours seulement après qu’il a été blessé. J’aimerai traverser cette guerre avec lui et mon Mors. »
L'Argonne de 1914-1915, c'est aussi l'épopée Garibaldienne, c'est-à-dire le renfort apporté par des volontaires italiens qui, tout comme l'avaient fait leurs pères ou leurs grands-pères en 1870-71 se sont joints aux troupes françaises pour combattre aux côtés de "leur seconde patrie", l'ennemi commun : le Prussien. ("La Guerre en Argonne" tome 1 de Claire Stratonovitch, éditions Ysec).
Rappelons que d'abord restée neutre lors du déclenchement des hostilités, l'Italie ne déclarera la guerre à l'Autriche-Hongrie que le 23 mai 1915. Mais dès le 6 août 1914, le Général Riccioti Garibaldi propose au gouvernement français l'aide de volontaires italiens. Celui-ci tergiverse, mais finit par accepter la création d'un régiment de marche purement italien au sein de la Légion Etrangère. Cette unité constituée d’environ 2 000 combattants volontaires italiens existera de novembre 1914 à mars 1915.
Le Monument : Situé dans le village de Lachalade (Meuse) il est érigé à la mémoire des 590 volontaires italiens morts en Argonne et des frères Garibaldi, Bruno (tué à Bolante le 26 décembre 1914) et Costante (tué au ravin des Courtes-Chausses le 5 janvier 1915). Le monument en pierre de taille porte trois bas-reliefs en bronze : de part et d’autre, les portraits de Bruno et Costante Garibaldi et, au centre, une aile traversée par un glaive. Il est édifié par l’Association Nationale des Volontaires de Guerre d’Italie et inauguré le 21 avril 1932. Le sculpteur est Sergio Vatteroni de Carrare.
Monument Ossuaire de la Haute Chevauchée.
Inauguré par le Président du Conseil et Sénateur de la Meuse Raymond Poincaré et béni par Monseigneur Ginisty, évêque de Verdun le 30 juillet 1922, ce monument, œuvre de l'architecte Bolloré et du sculpteur Beckers rend hommage aux morts de l’Argonne toutes nations confondues.
Cet ossuaire contient les ossements d’environ 10 000 soldats inconnus.
Il fut construit à l’initiative de la comtesse de Martimprey, veuve du capitaine Jean de Martimprey, disparu le 13 juillet 1915. Il représente un soldat français coiffé d'un casque dont le buste émerge d'un obélisque de 9 mètres de hauteur et dont les mains s’appuient sur un glaive se fondant dans la croix latine.
Le sculpteur Becker s’est inspiré du visage de son fils lui aussi tombé en 1915. Sur les flancs du monument, figurent les numéros des régiments qui ont combattu dans le secteur : 285 régiments français, 2 régiments italiens et 32 divisions américaines.
Au pied de celui-ci, un autel est destiné aux cérémonies religieuses lors des commémorations des combats d'Argonne. Les murs du caveau sont recouverts de petites plaques funéraires dédiées par les familles à leurs proches.
Derrière le monument, on peut voir un important entonnoir résultant de l’explosion de la plus grosse mine allemande (52,5 tonnes d’explosifs) le 12 décembre 1916. Il mesure 50 mètres de diamètres et 10,5 mètres de profondeur.
En bordure du cratère des mines, une Croix de la Réconciliation a été érigée à la mémoire de « Tous les morts des combats d'Argonne », formule sculptée dans le bois également en allemand en 1973 par le Comité commémoratif d'Argonne.
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