Nouveau pari réussi pour Podemos. Des dizaines de milliers de partisans de ce parti antilibéral ont manifesté, hier, dans les rues de Madrid leur volonté de renouveler la politique en Espagne. Des dizaines de milliers d’Espagnols ont répondu présent, hier, à l’appel de Podemos, pour rejeter la cure d’austérité dans leur pays. Podemos compte capitaliser sur ce rassemblement organisé à moins d'un an des législatives en Espagne et à quatre mois d'élections régionales. En Espagne, « les privilégiés ont rompu le pacte de coexistence », a lancé Iñigo Errejon, 31 ans, le numéro deux de Podemos. « Nous sommes venus célébrer le fait qu’en 2015, le peuple va récupérer la souveraineté ! ». C’est dans ces rues qu’est né le 15 mai 2011 le « mouvement des indignés » contre l’austérité qui a secoué l’Espagne pendant trois ans. Cette marche intervient moins d’une semaine après la victoire électorale du parti de gauche Syriza, en Grèce, dont les dirigeants ont régulièrement fait campagne aux côtés de ceux de Podemos. Issus de deux des pays européens ayant vécu le plus durement la crise, avec encore plus d’un cinquième de leur population active au chômage, Podemos et Syriza partagent le même rejet de la « troïka » (Banque centrale et Commission européennes, Fonds monétaire international). Ils appellent à mettre fin à l’empire de la finance internationale qui, selon eux, oublie l’humain et à poser la question d’une restructuration de la dette. La question est aujourd’hui de savoir si ce mouvement peut faire tache d’huile dans le reste de l’Europe. Au Sud, les partis traditionnels comme le PD italien (Parti démocrate au pouvoir, gauche) de Matteo Renzi ou le Parti socialiste portugais d’Antonio Costa (opposition), semblent avoir intégré une partie du discours grec de Syriza. En France, le chef de file du Front de gauche, allié du Parti communiste, Jean-Luc Mélenchon espère « un effet de domino » en Europe depuis la victoire de Syriza.