Au cours de ces six semaines, qui comportent deux parties distinctes:
phase 1 : du 5 au 14 mai, de Faro à Evora, cheminement à inventer
phase 2: du 15 mai au 12 juin, pèlerinage de Compostelle proprement dit de Lisbonne à Santiago, en passant par Fatima,
nous avons dormi:
7 fois sous la tente, 7 fois chez les bombeiros volontarios,
8 fois en albergue por pérégrinos, 2 fois chez l'habitant et
16 fois en residencial (chambre d'hôte bon marché)
Questions:
Pourquoi, quand il a fallu rebrousser chemin lorsque le sentier sur lequel nous évoluions s'est interrompu subitement, au-dessus d'une rivière infranchissable, nous avons su garder le moral et rire de cette mésaventure, en zone escarpée et sous une grosse chaleur, avec un sac à dos trop lourd?
Pourquoi, au moment où le soleil se couchait, une grande vipère s'est trouvée là, pour
nous empêcher d'installer la tente, il nous a fallu parcourir un bon kiluomètre de plus en montée, en fin de journée harassante, où nous étions exténués, nous n'avons même pas perdiu notre enthousiasme à poursuivre cette aventure par trop
compliquée?
Pourquoi, lorsque nous avions programmé de camper, en fin d'après-midi, une violente pluie d'orage subite qui a duré plus de trois heures, nous a empêchés de monter la tente, nous avons su conserver notre optimisme ce qui a attiré une solution trouvée par un restaurateur dynamique et plein d'initiatives, dormir dans un hall de gare abrité mais ouvert aux vents, en prévenant les police pour notr sécurité?
Qui a provoqué cet impressionnant état d'esprit avec lequel nous avons surmonté les difficultés? Nous avons été surpris nous-même par notre propre philosophie.
Réponse:
Nous étions bien entraîné; une rando de 25 km, chaque semaine depuis six mois dans le Finistère et aucun traumatisme n'est venu nous perturber tout au long du périple. Alors était-ce de la chance? En plus de cette forme physique optimale, ma nouvelle prothèse totale de hanche a contribué à me rendre l'aisance nécessaire pour accomplir de telles journées de marche, et Jean-Paul était également en bonne condition physique. Et c'est bien connu, quand les jambes, le dos et l'estomac fonctionnent correctement, le moral ne peut qu'être bon générant une joie de pérégriner jusque là inconnue.
Comment j'ai compris le Portugal:
Chaque propriétaire portugais a trois ou quatre chiens pour garder sa maison. Il semble que les Portugais pratiquent peu la randonnée, les chiens ne sont donc pas habitués à voir passer des randonneurs à proximité de la clôture, alors ils aboient bruyamment, ce qui ne semble pas émouvoir leur propriétaire ni les voisins.
Les Portugais sont peu sensibles au bruit. Quand vous entrez dans un magasin, un bar ou un restaurant, il y a toujours un ou deux téléviseurs qui crachent leur musique ou les commentaires de matchs de football que personne ne regarde. En pleine nuit, que ce soit en ville ou à la campagne, les chiens aboient dès qu'un perturbateur comme un chat passe dans les parages. Dans le camping municipal de Beja, la discothèque à côté du terrain où nous avions installé nos tentes sarcophages ne s'est arrêtée de diffuser bruyamment sa musique que vers 3h00 du mation.
Les Portugais ne sont pas habitués à utiliser les cartes routières. On ne peut acheter des cartes détaillées, ça n'existe pas en librairie ni en magasin où il n'y a que des cartes au 1/300 000. Dans l'Algarve et l'Alentejo, beaucoup de villages sont abandonnés et ne sont pas signalés par le moindre panneau. Il est souvent difficile de savoir où nous sommes. Et quand le village est habité par quelques rares âmes, les indications qu'elles nous fournissent ne correspondent que rarement à la carte, nous étions obligés de naviguer à l'aide de la bousole et de la montre, comme en aéronautique...
Sur le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle au Portugal qui démarre à Lisbonne, nous utilisions un guide. C'est difficile de rédiger un guide utile, clair et qui soit complet. Celui dont nous disposions était très perfectible et ne comportait pas les informations dont nous avions besoin, les noms des villages ne correspondaient jamais avec les cartes détaillées mais imprécises attachées au texte décrivant chaque étape.Il n'y avait pas les indications des terrains de camping, ni les distances, ni les points de ravitaillement, bref à revoire...
Les Portugais sont fiers de parler français. Il y a toujours un autochtone qui maîtrise notre langue, quelque soit l'endoit où l'on se trouve au Porrtugal. Il se trouve toujours un émigré ou un ex-émigré en France ou en Suisse revenu au pays vivre sa "réforme" (retraite). Ces francophones ont toujours plaisir à venir échanger avec nous et nous font part de leurs meilleurs souvenirs de la France et des Français. Ce fut une véritable révélation de constater que des étranger ont une bonne estime de notre pays et de ses ressortissants...
voici un commentaire de Chantal sur notre expérience: "Didier, Quelle aventure extraordinaire! Je comprends ton enthousiasme. C'est une chose à faire dans la vie. J'imagine que Jean-Paul doit être très heureux, lui aussi. Bien sûr, cette pérégrination est très tentante, mais d'après ce que tu dis, l'aventure y est beaucoup plus forte que sur le Camino francès et encore faut-il pouvoir porter la tente si légère soit elle... Tu dois aussi te sentir tout bizarre, chez toi maintenant... Mais quel bonheur d'avoir réussi ce pèlerinage avec des souvenirs hors du commun. Un grand merci de m'avoir transmis tes impressions. Bravo! Bises, Chantal"