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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 17:33

S’il est vrai que l’Europe n’est aujourd’hui l’objet d’aucune menace militaire extérieure, l’incertitude du monde invite les Européens  à la grande prudence pour faire face à toutes les surprises possibles. En matière de défense, on voit bien que l’alternative devant laquelle les Européens sont placés aujourd’hui est cruelle : peut-on faire une synthèse efficace des différentes formules de défense européenne testées depuis vingt ans ; si oui, ce serait alors une simple affaire de réglages politoco-administratifs à ajuster aux moyens disponibles ? Ou bien, s’il n’y a pas de chemin vers l’autonomie de sécurité de l’Europe, faut-il envisager un ensemble plus vaste, celui d’un large Occident défensif rassuré par les Etats-Unis, voire une communauté transatlantique intégrée ? Dans le premier cas, on confie la tâche à des experts de la sociologie des institutions et dans l’autre, on passe sous contrôle stratégique américain, avec le secret espoir de faire valoir auprès d’eux, « à l’anglaise », nos intérêts.

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À ce dilemme jamais exposé clairement, on évite aussi de répondre. D’une part, en France on voit l’Europe puissance comme une perspective évidente, alors qu’elle est vue avec suspicion ailleurs. D’autre part, pour beaucoup, la coïncidence des intérêts, des valeurs et des responsabilités  européennes et américaines va de soi. Voilà qui explique le flottement stratégique observé. On pourrait aussi objecter aux uns et aux autres quelques non-dits stratégiques essentiels pour expliquer cette impuissance collective.

D’un côté, l’Europe puissance est la racine profonde de l’Europe de la défense. Mais de la puissance, on ne parle pas vraiment car chacun en a une définition propre, qui est rapportée à son histoire et à sa géographie. Il n’y a pas de vision politique partagée de la puissance de l’Europe, entre celle financière d’un grand marché ouvert à Londres, d’une puissance civile, industrielle et commerciale à Berlin, d’une puissance globale, industrielle, culturelle, militaire à Paris. Aucune synthèse ne semble possible, d’autant que l’option nucléaire de Paris et de Londres perturbe profondément les perceptions des autres Européens.

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De l’autre, comme le récent pivotement le révèle, les Etats-Unis sont entrés dans une ère de la puissance relative. Ils ne sont plus principalement concernés par les enjeux de sécurité européens et leurs priorités vont d’abord à leurs compétiteurs en Asie. La garantie qu’ils ont acquise de l’accès politique, stratégique, industriel et commercial à l’Union européenne et à son marché ouvert, l’alliance militaire  qu’ils entretiennent désormais à moindre frais avec des Européens qu’ils refusent de traiter en bloc unis, l’accès qu’ils maintiennent à l’Asie de l’Ouest (Israël et le pétrole) et à l’Asie centrale (gaz t confinement chinois), tout cela satisfait leurs impératifs stratégiques. Pourtant, l’échec répété des opérations militaires non conclues en Irak et en Afghanistan, la tension entretenue autour de la Palestine et de l’Iran, l’effervescence arabe montrent les limites atteintes des capacités de manœuvre de l’Otan sous la direction américaine et des structures de régulation onusienne que les Américains contrôlent. L’impuissance gagne du terrain. Les Européens que la continuité territoriale lie directement les Russes, aux Turcs, aux Syriens, aux Egyptiens, aux Maghrébins et aux Sahéliens entretiennent des rapports avec leurs voisinages  bien différents. Leurs intérêts diffèrent là bien souvent de ceux des Américains et ils doivent se garder d’être enrôlés dans une  manœuvre qualifiée bien improprement d’euratlantique. La question récurrente du bouclier antimissile, véritable obsession américaine, en est une révélation emblématique.

Tout cela et bien d’autres réalités encore invalident sans doute l’Europe de la défense telle que la France s’épuise à la promouvoir sans succès mais aussi la dévolution d’autorité stratégique de l’Union à l’Otan que pratiquent sans vergogne certains de nos partenaires européens et que préconisent certains Français eurosceptiques ou occidentalistes.

Ce qu’il faut sans doute, c’est un ensemble européen qui ne soit pas une forteresse assiégée mais un espace dont la diversité a été intégrée dans une architecture suffisamment flexible pour absorber et valoriser toutes les différences internes au service du développement. C’est une continuité énergétique sécurisée avec nos voisins slaves et asiatiques et une zone partagée de coprospérité  économique avec nos voisins d’Afrique du Nord.

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Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’une sécurité collective des espaces européens, centrée sur des intérêts communs régionaux identifiés et non d’un bouclier antimissile conçu ailleurs pour neutraliser une attaque hypothétique provenant d’un arc de crise dont la tragédie est d’abord socio-économique. Au sein de l’ensemble constitué, ce qu’il faut, c’est laisser s’agréger plus étroitement en noyaux homogènes ceux qui souhaitent fusionner leurs destins comme l’Allemagne et la France, c’est laisser coopérer militairement de façon étroite ceux qui le peuvent, comme la Grande-Bretagne et la France l’ont décidé il y a deux ans, ou se rassembler ceux qui veulent gérer un bassin d’intérêt commun comme les Latins et les Maghrébins tentent de le faire dans l’espace 5+5.

Si l’expérience militaire de l’Europe était inexistante au début des années 1990, elle s’est développée depuis, essentiellement dans les deux domaines des opérations et de formation. Elle reste néanmoins encore assez limitée car si l’Europe dispose d’un fort potentiel dans ce domaine, il est essentiellement dépendant de la volonté des Etats-membres.

C’est au début des années 1990 que l’Union européenne (UE) nouvellement établie réalise dans les Balkans qu’elle est incapable d’agir militairement à l’intérieur même de son espace géographique. Elle ne dispose en effet ni d’expérience ni de capacité militaires propres et ce sont les Nations unies qui interviennent d’abord, en février 1992, puis finalement l’Otan, après de longues hésitations, en janvier 1995.

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Devant ce constat d’échec, l’UE va progressivement s’organiser pour acquérir une expérience opérationnelle et être ainsi capable de lancer et de conduire des opérations militaires. Un long processus est alors enclenché. C’est au cours des sommets de Maastricht en 1991 et du Conseil de l’UEO de Petersberg en 1992 puis après la rencontre franco-britanique de Saint-Malo en 1998 que sera enfin élaboré au Sommet d’Helsinki, fin 1999, le niveau d’ambition militaire européen qui prendra la forme d’un objectif global. Est alors arrêté le principe  d’une capacité de réaction militaire standard permettant de déployer jusqu’à 60 000 hommes en 60 jours pendant une année, avec des dispositifs de réaction rapide aérienne et maritime adaptés. C’est à Nice, fin 2000, sous la présidence française que sera arrêté le cadre pratique de la politique de sécurité et de défense de l’UE et de ses actions en matière de gestion de crises prolongeant le Traité d’Amsterdam de 1997.

L’UE va pouvoir, sous l’impulsion de son nouveau Secrétaire général Javier Solana se doter des instruments indispensables pour planifier et lancer des opérations. Le Comité militaire intérimaire (CMUE) en mars 2000 : réunion des chefs d’état-major des Etats membres ; L’Etat-major de l’UE : l’EMUE en janvier 2001, le corps franco-allemand devenu Corps européen (CE) créé en 1992, l’Euromarfor et l’Eurofor, structures militaires de l’UEO, cette dernière dissoute depuis 2012 ; les Groupements tactiques 1500 ou BG 1500 déployables en 15 jours à 6000 km ; la Force de Gendarmerie européenne (FGE).

Les trois formes de la chaîne de commandement :

Purement européenne, (un seul état-major de mission (MHQ) qui assure à la fois les fonctions d’un QG opérationnel et d’un État-major de force (FHQ) réunis (EUTM Somalie et Mali))

Repose sur un QG opérationnel national,

Utiliser les capacités de l’Otan dans le cadre des accords « Berlin+ ». (Une seule opération à ce jour, Althéa a répondu à cette chaîne de commandement).

Toutes ces dispositions ont permis à l’UE de déployer huit opérations militaires depuis 2003 : Concordia dans l’ancienne république yougoslave de Macédoine en 2003 avec 325 hommes, Artemis en RDC (Congo) en 2003 également avec 2200 hommes, EUFor Althéa en Bosnie en 2005 avec 860 hommes, EUFor Congo en 2006 avec 800 hommes, EUFor Tchad en 2008 avec 3500 hommes, EUNavFor Atalanta en 2008 avec 5 à 13 bâtiments de combat, EUTM Somalia en 2010 avec 125 hommes et enfin EUTM Mali en 2013 avec 450 hommes.

Toutes ces opérations ont démontré la capacité de l’Union européenne à conduire des actions multinationales d’envergure moyenne dans des environnements souvent difficiles. Elles ont par ailleurs permis de protéger des populations déplacées ou réfugiées, d’assurer un soutien humanitaire mais aussi d’aider à la stabilisation toujours difficile de ces régions. Grâce à Atalanta, la piraterie commence à diminuer au large des côtes somaliennes et les attaques sont passées de 176 en 2001 à 35 en 2012Les missions de formation EUTM Somalia et EUTM Mali permettent à des armées fragiles d’acquérir  ou de retrouver des structures et des capacités minimales.

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Le Traité de Lisbonne en 2009 et la création et la création du Service européen pour l’action extérieure (SEAE) en 2010donnent néanmoins à l’Union européenne de nouvelles perspectives militaires. En effet, l’UE est aujourd’hui en pleine mutation pour ne pas dire en pleine révolution. La création du SEAE a totalement changé l’organisation bruxelloise en établissant en quelque sorte deux ministères, « Affaires étrangères » et « Défense », et en les regroupant dans une même organisation et dans une seule main. La Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) est donc conduite sous le contrôle et suivant les directives des États-membres pour le SEAE qui regroupe en son sein tous les organes en traitant ; ce sont le Directorat  pour la politique de sécurité et la prévention des conflits, le Directorat pour la planification et la gestion des crises (CMPD), le CPCC, l’EMUE et le centre de renseignement (INTCEN). Le président du Comité militaire est également confirmé comme conseiller militaire du Haut Représentant.

Cette nouvelle organisation ainsi que les enseignements tirés des dernières opérations et missions de l’UE mettent en évidence qu’aucune action de l’UE n’est uniquement militaire. Cette donnée a conduit à remettre en valeur le concept d’approche globale, qui n’est certes pas nouveau mais doit aujourd’hui être adapté. L’UE dispose en effet d’un grand nombre d’instruments qu’elle peut employer simultanément ou successivement, dont l’instrument militaire est le plus puissant et le plus sensible à mettre en œuvre ; cette réalité impose de définir de bonnes procédures pour y pourvoir.

La vraie question qui se pose à l’Europe aujourd’hui n’est pas une question d’expérience militaire pas plus que de moyens, de procédures ou de finances mais bien une question de volonté politique pour déclencher des actions militaires en son nom.

En effet si l’on considère par exemple par exemple l’outil BG 1500, pourquoi n’a-t-il jamais été utilisé jusqu’à présent ? Plusieurs raisons peuvent sans doute l’expliquer : il n’y a pas eu de réel besoin de cet outil en tant que tel, les dernières opérations militaires de l’UE n’ont pas atteint un seuil de menace qui aurait justifié l’emploi d’un BG… Mais on peut surtout se poser la question de la volonté politique d’employer cet outil malgré le soutien unanime des États-membres au concept lui-même ; on peut aussi douter de la validité du processus décisionnel dans une situation d’urgence opérationnelle. Un autre exemple est celui de l’OHQ européen dont tous les experts s’accordent pour reconnaître qu’il serait indispensable à la planification et à la conduite des opérations militaires européennes. Et pourtant, malgré ce constat fait depuis plusieurs années, il n’est toujours pas en place, là encore pour des raisons politiques.

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À cela on peut ajouter la concurrence redoutable de l’Otan qui, pour beaucoup d’États-membres, est le seul recours possible en cas d’opération militaire d’envergure. Une capacité militaire européenne trop importante ferait à leurs yeux double usage. Ces États européens refusent donc tout investissement militaire important au profit de l’UE et s’attachent à limiter son expérience militaire.

Enfin, les difficultés financières que connaissent aujourd’hui la grande majorité des États européens ne facilitent ni l’augmentation ni même le maintien des budgets de défense.

En définitive, aussi longtemps que les Européens n’auront collectivement ni la volonté politique ni la nécessité stratégique d’agir pour la défense de leurs intérêts, la question se posera de l’utilité de moyens et d’expérience militaire spécifique au sein de l’Union européenne.

Plusieurs éléments aujourd’hui permettent néanmoins de penser que l’expérience militaire européenne pourrait bientôt connaître des jours meilleurs.

Tout d’abord il est un fait que l’Europe n’avance que lorsqu’elle est vraiment au pied du mur. C’est exactement ce qui s’est passé dans les années 1990 pour la PSDC. Or, aujourd’hui, ne sommes-nous pas à nouveau au pied du mur ? La crise financière, les menaces qui planent de plus en plus sur nos pays et sur nos intérêts dans l’ensemble du monde, la montée des intégrismes et du terrorisme nous poussent à réfléchir en commun ; et viendra le moment de mettre en commun nos moyens et nos capacités, en particulier militaires.

Par ailleurs la position des États-Unis qui « rebalancent » leurs efforts stratégiques vers l’Ouest, appelle de la part des Européens une réflexion nouvelle sur leurs capacités militaires et leur aptitude à prendre en compte la défense de leurs intérêts, et en conséquence à mieux coordonner et utiliser leurs moyens militaires.

Dans cette perspective-là, une fenêtre d’opportunité s’offre à nous dans les mois qui viennent. Tout d’abord la révision du SEAE après trois ans d’existence devrait permettre de revoir son organisation et les besoins réels des Européens en matière de sécurité et de défense. On peut aussi espérer que le Conseil européen de fin d’année que le président Van Rampuy a convoqué pour traiter de la PSDC, va pousser les États européens à réfléchir plus attentivement à la défense de leurs intérêts et à l’exercice de leurs responsabilités de sécurité.

Ces rendez-vous sont autant d’occasions de prendre conscience de nos faiblesses en matière de défense et de sécurité et peut-être d’y faire face par des décisions importantes. Mais il faudra encore bien du temps pour acquérir un esprit européen commun de défense, cela ne se fera pas en quelques semaines !

 

Yves de Kermabon in Revue de Défense Nationale- Été 2013

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11 août 2013 7 11 /08 /août /2013 13:18

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Dürnstein est une ville de la Wachau en Autriche.

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Grande de 16.8 km², Dürnstein est à 209 m d'altitude. Sa petite cité encore entoyurée de remparts s'étire sur une assise rocheuse dominant le Danube, dans l'un des sites les plus frappants de la Wachau.

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Vert en Allemagne où il prend naissance, le danube atteint sa maturité et se présente dans toute sa beauté légendaire en Autriche lorsqu'il passe devant Dürnstein, au coeur de la Wachau.

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Richard Coeur de Lion avait été fait prisonnier par le duc Léopold V de Babenberg après leur dispute pendant la troisième croisade; le château fut détruit en 1645.

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La bataille de Dürnstein est un combat des guerres napoléoniennes pendant la Troisème coalition. Elle s'est déroulée le 11 novembre 1805, trois semaines après la bataille d'Ulm et trois semaines avant la bataille d'Austerlitz.

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Les troupes françaises commandées par le maréchal Edouard Mortier s'opposent à des forces russes beaucoup plus nombreuses commandées par le feld-maréchal Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov. La bataille s'est déroulée près de Dürnstein.

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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 20:27
Espagne : chômage record, sortie de crise pas avant 2013.
L’Espagne comptait au premier trimestre 2012 un actif sur quatre au chômage, dans un contexte de récession : un sombre panorama qui devrait durer jusqu’en 2013, nourri par une cure de rigueur sans précédent. L’abaissement de la note d’«A »  à « BBB » en avril dernier a renforcé les inquiétudes sur la capacité espagnole à redresser la barre.
Espagne-drapeau.pngEspagne – 30 avril 2012. Des manifestations massives contre l’austérité.
En adoptant un plan de rigueur visant les secteurs de santé et l’éducation, le gouvernement espagnol a déclenché la colère de centaines de milliers de personnes. Les manifestants dénonçaient : « C’est criminel de couper dans la santé », « peuples d’Europe, levez-vous ».
La révolte est sérieuse, les travailleurs Espagnols disent : « Les coupes dans la santé et l’éducation, c’est la dernière chose que nous pouvions supporter. Qu’est-ce qui nous reste ? Nous n’avons même plus de travail. Ils nous pressent jusqu’à l’asphyxie. »
Engagé dans une course à la réduction du déficit, le gouvernement conservateur espagnol a adopté un plan de rigueur espérant ainsi générer 10 milliards d’euros d’économies par an dont 7 dans la santé et 3 dans l’éducation. Les retraités vont payer leurs médicaments, jusque-là gratuits, et les immigrés sans papiers auront moins facilement accès aux urgences et en pédiatrie. Les frais d’inscription à l’université vont passer de 1.000 € à 1.500 € en moyenne.
Et pendant ce temps la Commission européenne préparait un plan  de 200 milliards d’euros d’investissements publics et privés pour réactiver la croissance en Europe.
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L’Espagne essaie de rassurer l’Europe le 29 mai 2012.
Le chef de l’exécutif, Mariano Rajoy, privilégie une solution nationale pour sauver le secteur bancaire, mais  il reconnaît de graves difficultés. BANKIA, quatrième banque du pays, a besoin de 19 milliards d’euros de financement public supplémentaire… L’Espagne pourrait se trouver dans l’obligation d’utiliser des fonds externes pour la recapitalisation de ses banques. Madrid veut conserver le contrôle de son secteur financier, mais en a-t-elle les moyens ? En plus du cas Bankia, trois autres banques (Caixaa Cataunya, Nova Galicia et Banco de Valencia) nécessitent 30 milliards d’euros pour atteindre les objectifs de provisions fixés par le gouvernement. Et quand le gouvernement central doit garantir les émissions des régions espagnoles qui doivent refinancer 35 milliards d’euros, difficile de ne pas devoir recourir à l’intervention sur les marchés de la Banque centrale européenne et de prêts du Fonds de stabilité européen concédés directement aux banques.
La crise pèse sur le tourisme en Espagne (5 juin 2012)
L’Espagne, 3ème destination touristique au monde avec 56 millions de touristes qui dépensent en moyenne 996 $. Le chômage baisse en mai en raison du début de la saison touristique, mais le nombre d’emplois créés, 30 000, est deux fois moins élevé qu’en mai 2011. En avril, le nombre de touristes a baissé de 1,7 % sur un an.
 
Ce début du mois de juin (2012) la Chine est très inquiète de la crise dans la zone euro et redoute que la Grèce sorte de la zone euro, car le gouvernement grec a demandé à la Banque centrale et aux responsables financiers de préparer un plan d’urgence. Le risque  de sortie de la zone euro de la Grèce est estimé à « au moins un sur trois » par l’agence de notation financière Standard & Poor’s.
Comme la plupart des pays émergents, la Chine achète de moins en moins d’euros sur les marchés. Les banques centrales de ces pays qui, comme l’Inde, les Philippines, l’Indonésie, étaient parmi les meilleurs clients de la monnaie européenne afin de diversifier leurs réserves de change en sont devenues les premiers revendeurs.
Le Portugal : 6,65 milliards pour trois banques. L’Europe poursuit la recapitalisation des banques de pays de la zone euro placés sous plan de sauvetage. Après la Grèce, c’est le Portugal qui s’apprête à injecter 6,65 milliards d’euros dans trois de ses banques (BPC, BPI et la banque publique CGD) afin qu’elles puissent respecter les exigences de capital de l’Autorité bancaire européenne.  Cette recapitalisation est obtenue en grande partie grâce plan d’aide de 78 milliards d’euros de l’UE et du FMI. Le Portugal qui a respecté tous les objectifs fixés par la Troika, notamment la baisse des déficits publics à 4,5 % du PIB en 2012, a reçu le feu vert de ses créanciers pour toucher la cinquième tranche du plan. Mais l’austérité a ses revers : chute de PIB de 3% en 2012 ; hausse de la dette à 118 % du PIB en 2012 ; et un taux de chômage de 15,5 %.
Le Président du Conseil européen, H. Van Rompuy souhaite une intégration monétaire plus poussée pour renforcer l’l’UEM. 56 % des Finlandais se prononcent en faveur d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Et Chypre fait appel à l’aide européenne pour recapitaliser la deuxième banque de l’île à hauteur de 1,8 milliards d’euros. La Banque populaire de Chypre, avec 49 % de créances en Grèce est particulièrement exposée. Les banques chypriotes ont vu se volatiliser 3 milliards d’euros de créances lors de l’annulation partielle de la dette d’Athènes. 19 milliards d’euros de prêts, soit le tiers de toutes les créances chypriotes, concernent des banques grecques.
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Espagne le 19 juillet 2012 : Le cri du peuple espagnol contre la rigueur. L’Espagne, pieds et poings liés à Bruxelles.
Les Espagnols grondent contre les coupes sociales décrétées par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy. Les fonctionnaires figurent parmi les principales cibles du plan de rigueur de 65 milliards d’euros : prime de Noël supprimée et jours non travaillés réduits. Ces mêmes fonctionnaires ont déjà subi une baisse de salaire de 5 % en 2010 et une hausse des heures travaillées en 2012. Le pouvoir d’achat, déjà fortement écorné par quatre ans de crise et 24 ,4 % de taux de chômage, a reçu le coup de grâce avec la hausse de 3 points de la TVA (de 18 % à 21 %) et la réduction des prestations chômage. Les Espagnols étranglés, se sentent désespérés par une situation économique qui ne s’améliore pas malgré les plans d’austérité qui se succèdent depuis 2010. L’Union européenne a reporté d’un an, de 2013 à 2014, les objectifs de déficit de 3 % du PIB de l’Espagne. Mais ceci n’est pas gratuit : il a même durci les exigences européennes en matière d’équilibre des comptes.
mi-juillet 2012 : Espagne : le chômage explose, les mesures d’austérité se multiplient et la population n’en peut plus.
Au pays de Cervantès, c’est tout un peuple qui a l’impression de se battre contre des moulins à vents. Une mécanique inexorable impulsée par Bruxelles. Censée sauver l’économie, elle semble au contraire la faire couler à pic : suppression d’emplois, salaires et pensions de retraite  amputés, investissements en berne. Déjà étranglés, les ménages affrontent une hausse de TVA. A l’angoisse se mêle un fort sentiment d’injustice, car avant la crise des marchés financiers, l’Espagne avait bien géré sa dette. Aujourd’hui le chaos espagnol menace la France et toute la zone euro. L’Europe doit de toute urgence changer de méthode.
Analyse de Paul KRUGMAN, prix Nobel d’économie
La Grèce a été irresponsable sur le plan fiscal, alors que, jusqu’à une date récente, l’Espagne affichait un excédent budgétaire. Certes, il reposait sur du sable. Mais il n’y a pas eu d’abus comme en Grèce. Les maux espagnols viennent de la spéculation immobilière. La bulle a éclaté. Les banques sont fragiles. Elles ont besoin d’être aidées. Il n’y a aucun rebond économique en perspective. Le problème numéro un de l’Espagne, c’est la compétitivité. Elle doit relancer ses exportations. L’Europe impose des sacrifices aux Espagnols sans que personne ne soit capable d’en chiffrer précisément les bénéfices.  
L’éclatement de l’euro serait une catastrophe. Mais certains pensent que, pour cette raison, on met tout en œuvre pour l’éviter. C’est une grande illusion.
L’état de la France : les déficits budgétaires seront plus importants que prévu, mais ce n’est pas grave. Les marchés ne voient pas la France comme un pays à risque. Les taux d’intérêt à court terme sont bas. Ils sont même négatifs, ce qui prouve que la France n’est pas sous pression financière. La France montre qu’en économie, on peut faire des choix différents ; la France et les Etats-Unis ont de nombreux points communs, notamment au niveau de la productivité élevée. Mais la France accorde de longues vacances et des départs à la retraite très avancés. D’où un PIB par tête inférieur de 25% à celui de l’Amérique. Mais l’économie française fonctionne très correctement, quoi qu’en disent les conservateurs de tout poil. Le président Hollande n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. Il ne peut pas relancer l’économie par la dépense publique. La seule chose qu’il puisse faire, c’est modifier  l’équilibre des pouvoirs en Europe. L’euro ne sera sauvé qu’au niveau européen. Il faut que les sommets européens fassent preuve de plus de conviction. Sans cela, l’euro explosera. Aujourd’hui, il y a 50 % de chance pour que les tenants de la ligne dure l’emportent. Si l’euro survit, tout le monde dira que l’élection du nouveau président de mai en France aura modifié l’équilibre des pouvoirs en Europe.
Début 2012, l’euro était attaqué par la spéculation. Les gouvernants auraient pu agir pour changer de cap et prendre les bonnes décisions. Ils ont simplement gagné du temps. Heureusement la riposte de Mario Draghi, le nouveau président de la Banque centrale européenne a porté ses fruits; son opération massive de refinancement (LTRO) équivalait à un achat déguisé d’obligations européennes. Mais sur le fond, rien n’a changé. Au final, la probabilité d’une explosion de l’euro ne faiblit pas.
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SAUVER l’EURO : en tolérant un certain niveau d’inflation, de l’ordre de 3% pendant cinq ans, ce qui n’est pas énorme. L’Allemagne doit mettre un terme à sa politique d’austérité et laisser filer quelque peu les déficits. C’est le seul moyen pour permettre à l’Espagne  de recouvrer sa compétitivité : ses salaires doivent être inférieurs d’environ 20 % à ceux de l’Allemagne pour que ses exportations repartent.
Le déficit public est nécessaire quand le secteur privé cesse d’investir. En période de récession, c’est à l’Etat de prendre le relais, selon KEYNES (comme en 1936). Une fois la croissance revenue, l’Etat peut se mettre à la diète. En Europe, on n’y est pas encore. L’Espagne fait penser à la Floride. Crise immobilière, chômage galopant… la grosse différence, c’est qu’en Floride on sait qu’on peut compter sur Washington pour renflouer les banques. En Espagne, il faut batailler pour que Francfort fasse la même chose.
Quelles seraient les conséquences d’une disparition de l’euro ? Catastrophiques pour le monde entier. Economiquement, la France s’en relèverait au bout de trois ou quatre ans. Mais ce serait un coup terrible pour la construction européenne. On verrait partout la montée de la xénophobie et des extrémismes. Il y aura de nouvelles attaques contre l’euro. La BCE doit être disposée à prêter beaucoup d’argent aux banques et acheter de gros paquets d’obligations européennes. Sinon, on risque le scénario argentin : décrochage de la monnaie avec réapparition des nouvelles devises locales (drachme, peseta et peut-être franc). L’euro pourra continuer à survivre comme ça jusqu’à mi-2013. Au-delà, si rien ne change, il ne pourra se maintenir. Quand on regarde chaque matin le taux d’intérêt des obligations espagnoles à dix ans, on s’aperçoit qu’on est aujourd’hui au bord du gouffre. La crise de l’euro est surtout un problème technique, et non l’essoufflement général du génie ou de l’esprit d’entreprendre européen.
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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 11:14

Je suis convaincu que pour comprendre ce que fait l'Europe aujourd'hui, 9 octobre 2012 pour se sortir de la crise dans laquelle elle s'est engluée, il est utile d'analyser ce qu'il s'est passé à la mi-décembre 2011.

D'abord, je meurs d'envie de rappeler un principe fondamental qui est souvent perdu de vue:

"Trois sphères sont à l'oeuvre: les finances publiques, les marchés financiers et la sphère politique. Chacune a son mode de fonctionnement. Il faut faire marcher ensemble trois roues dentées, qui n'ont pas le même rythme, ni le même format et qui se touchent à peine."

Rappel: le scénario envisagé de façon quasi unanime fin novembre était: la dégradation de la note de chaque Etat européen, des solutions pour y remédier inefficaces, un éclatement de la zone euro et au final, la fin précipitée de la monaie unique... 

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En réponse à cet état d'esprit catastrophique, début décembre 2011, l'Allemagne veut renforcer la gouvernance de la zone euro et la discipline budgétaire, volonté à laquelle la France veut bien se rallier à condition que Berlin donne des gages de solidarité européenne.

L'Allemagne souhaite modifier le traité de l'Union européenne pour autoriser la Cour de justice européenne à poursuivre les pays qui enfreignent de manière répétée les règles budgétaires, qu'elle devienne une juridiction de surveillance en quelque sorte... Berlin voudrait qu'on place sous tutelle européenne les pays ne maîtrisant pas leurs comptes publics, un véritable abandon de souveraineté, et veut inscrire la règle d'or au traité, cette règle plafonnant le niveau de déficit permis, et pour les pays fautifs, du gel des droits de vote dans l'UE et des subventions européennes.

Comment éviter des divisions supplémentaires des 27 pays de l'UE pour signer un nouveau traité (modifier le traité de Lisbonne) ? Prévoir des dispositions sur le fonctionnement de la seule zone euro, en particulier le "protocole 14". Qui dit changement de traité de l'UE implique ratification nécessaire à l'unanimité des 27.  comment faut-il expliquer et dire et enfoncer le clou que la règle de l'unanimité ne peut pas fonctionner à 27 Etats si peu homogènes?  Problème: certains des pays non membres de l'euro  pourraient monayer leur vote!

Les eurosceptiques britanniques réclament un rapatriement des compétences en matière sociale et de régulation financière de Bruxelles à Londres. A défaut de ratification de ce nouveau traité, Paris et Berlin pourraient en passer par un accord entre pays impliquant la seule zone euro, voire les seuls pays de l'Union monétaire qui souhaitent aller de l'avant. Au risque de créeer une Europe à deux ou trois vitesses.

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6 décembre 2011: L'Allemagne et la France (mais qu'en pensent les Maltais, les Luxembourgeois, les Chypriotes, les Estoniens, les Slovènes,...) sont tombés d'accord pour renforcer la discipline budgétaire chère à Berlin. Les deux pays sont déterminés à aller très rapidement vers un nouveau traité européen.

8 décembre 2011: énième sommet européen, des enjeux capitaux face à l' "incendie". Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne se retrouvent pour tenter de juguler la crise de la dette et rassurer les marchés. Maître mot de ce sommet: la discipline:

- renforcement de la gouvernance de la zone euro,

- changement de traité pour éviter que la zone euro ne conclue un accord séparé,

- evoluer vers l'émission en commun de dette, à travers un système d'euro-obligations,

- un pare-feu renforcé, seul moyen d'apaiser les marchés, entrée en vigueur du Mécanisme européen de solidarité (MES) appelé à succéder de manière permanente au Fonds de secours financier des pays en difficulté de la zone euro (FESF) qui dispose le 8 décembre 2011 de 250 milliards d"euros.

- Rôle de la BCE: espoir que le renforcement de la discipline budgétaire convaincra la BCE d'aider davantage les pays fragiles comme l'Italie en achetant massivement leur dette sur les marchés.

9 décembre 2011: Sommet européen à l'issue incertaine où les divisions se font clairement entendre malgré l'urgence de la situation. Jamais l'Europe n'a été aussi nécessaire, jamais elle n'a été aussi en danger, jamais le risque d'explosion de l'Europe n'a été aussi grand: tension maximale.  caricat-tireur-poudre-noire.jpg

La disparition de l'euro est un scenario catastrophe rejeté par les grandes entreprises européennes. Elles s'y préparent néanmoins au cas où. Beaucoup de questions se posent aux entreprises si l'euro disparaît. Comment préserver ses liquidités? Où maintenir la production? Quels investissements annuler? Quelles conséquences pour les accords commerciaux transfrontaliers? Quel impact des dévaluations monétaires?

Avec l'euro, les entreprises ont gagné en stabilité et en facilité de transaction. Une stabilité qui paraît impensable de perdre quand déjà la récession économique menace leur activité.

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Et pendant ce temps, en Grèce où l'Europe fait la pluie et le beau temps, le sentiment d'appartenance à l'Europe est toujours puissant, même si les habitants ont, à juste titre, le sentiment d'être gouvernés directement par l'Union européenne et le FMI. Les Grecs sont à la recherche d'une vie plus simple, la crise financière, économique et maintenant sociale a bouleversé leur vie quotidienne. 

 

 

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 14:13

En août 2011, la situation sur le Vieux Continent était inquiètante, notamment en Italie et en Espagne dont le modèle économique était clairement menacé. La Grèce n'était qu'un furoncle tandis que l'hyper endettement, mâtiné de divisions politiques était le véritable cancer du Vieux Continent.

Les autorités étaient impuissantes, aussi les marchés moutonniers fuyaient le risque comme d'autres la peste. L'Italie affichait 1900 milliards de dettes (120% du PIB). Et les Etas-Unis voyaient leur endettement atteindre les 100% du PIB.

Au lendemian de la crise de 2008, les Etats avaient vigoureusement combattu la récession en soignant la fièvre. Ils n'avaient pas mesuré à quel point la dette avait gangrené l'économie des pays riches. Les perspectives de croissance ne concernaient plus que les pays émergents du Sud. Le Nord ne créant plus assez de richesse se retrouvait au pied du mur de sa dette qui menaçait de le faire crouler.

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L'économie occidentale vit depuis trente ans au-dessus de ses moyens. A crédit. La crise financière éclate au grand jour. Quand la Bourse dévisse, c'est signe de la pathologie du surendettement. 

Le constat confirmait qu'il n'y avait pas d'issue hors une douloureuse et longue transition de désendettement gérérateur du retour de l'inflation. Comment préserver notre modèle socio-économique: l'Etat-Providence trop impécunieux qui n'a plus les moyens de financer?

Les indicateurs boursiers étaient au rouge et les responsables européens tentaient de rassurer pour limiter la casse. La croissance ralentissait en Espagne rendant mécaniquement plus difficile l'assainissement budgétaire. On entendait des truismes du genre: "Si les Etats ont une dette élevée, ils doivent avoir de la croissance, sinon cette dette deviendra insoutenable."

La zone euro descendait dans les abysses.

Déficit français; un tour de visse inévitable. La France est condamnée à une politique importante de rigueur afin de respecter ses engagements internationaux et réduire son déficit. La notation très favorable de la dette française était sous tension par une mise en observation négative de l'agence chinoise Dagong. La vigilance était accrue sur les capacités de remboursement de la France.

Le gouvernement de l'époque tergiversait pour mettre en place des mesures pour éviter la dégradation de notre triple A.  La réserve d'austérité préventive consistait en coupes sévères dans les dépenses et des hausses d'impôts. Malgré une économie puissante et diversifiée, les dépenses publiques de la France n'étaient pas suffisamment maîtrisées. Et pourtant il faut éviter l'abaissement de la note dans le cadre d'une dégradation générale d'origine européenne pour éviter la hausse des taux d'intérêts qui étoufferaient l'activité au niveau des entreprises et au niveau des particuliers.

6-phare (14)                                                      la spirale infernale ou la descente aux enfers

La France a du dégager des dizaines de milliards en annulant les grands projets qui devaient soutenir la reprise. Les services publics et les fonctionnaires ont été les premières victimes d'une rigueur inédite. Autre piste visant à améliorer la situation: réduire certaines niches fiscales parmi les 500 répertoriées pour récupérer 3 milliards d'euros par an les prochaines années. Notons que 11 milliards avaient été déjà rabotées en 2011 sur cette piste.

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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 10:18

En juin 2011, le Portugal recourait à un plan d'austérité de 78 milliards d'euros imposé par le FMI et la Banque européenne. Ce plan n'était qu'un prémice à un programme de restriction budgétaire devenu inévitable pour les trois prochaines années. Les Portugais ont connu le pire, avant leur entrée dans l'Union européenne et l'intervention du FMI ne les empêchera pas de s'en remettre. Pourtant la privatisation des services, la baisse des aides sociales, le démentèlement du droit du travail, effets principaux du plan de rigueur, vont coûter 7500 € à chaque contribuable. Je dis "Chapeau à ce peuple courageux, fataliste et civique!" R0094207

 étudiantes de l'Université de Coïmbra - Portugal

 

Pendant que je fais loupe sur les Portugais qui se débattent avec leurs difficultés économiques, L'UE planche sur des sujets "plus légers, mais dont l'étude ne peut être sabotée" comme la réintroduction dans l'alimentation du bétail des farines animales, les voitures propres, l'état des stocks de poissons de grands fonds, le mariage homosexuel, l'industrie navale, etc.

 

Voici mes commentaires sur chacun de ces sujets, tous aussi importants pour la société européenne et qui impactent plus ou moins directement notre quotidien.

 

1 - L'EFSA (Agence européenne de sécurité des aliments) estime que les conditions sanitaires d'il y a dix ans ne sont plus d'actualité donc que les risques seraient négligeables si l'on nourrissait les non-ruminants avec des farines animales sécurisées issues d'espèces différentes, par exemple des farines de porc pour les volailles. Qui va prendre en considération le résultat du sondage qui révèle que 88% des consommateurs sont opposés au retour des farines animales? Ce type de sondage est inepte, car pour répondre à une telle question, les personnes interrogées n'ont pas préalablement consulté les scientifiques experts en la matière pour se faire une opinion sérieuse et étayée, leur réponse n'est fondée que sur l'affectif qui ne se souvient que des ravages suite à la maladie de la vache folle...

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2 - La France s'est issée en 2010 au second rang du marché des voitures neuves les moins émettrices de CO² de l'UE. La moyenne européenne des émissions de CO² des véhicules neufs a baissé de 45 g en 15 ans pour s'établir en 2010 à 141 g. La france arrive donc au 2° rang avec 130 g de CO² émis par kilomètre parcouru. 1°: le Portugal avec 129 g. Mais il y a encore des pays en Europe avec des taux de 150 g/km.

 

3 - Le Conseil international pour l'exploitation de ma mer (CIEM) mandaté par l'Union européenne émet un avis sur l'état des stocks de poissons de grands fonds afin d'aider à la décision les autorités européennes sur la poursuite ou l'interdiction de la pêche des poissons de grands fonds. Ainsi l'Union dépense de l'argent pour récolter des données scientifiques de qualité et les analyser pour... ne pas dire que les stocks sont surexploités, mais que, de par leur biologie, ces poissons ne peuvent supporter que des ponctions restreintes! Belle directive!!!

 

4 - Sept Etats européens ont reconnu le droit aux homosexuels de se marier: Pays-Bas, Belgique, Espagne, Norvège, Suède, Portugal et Islande. Notons que seuls cinq pays de l'UE ont accordé le droit de se marier aux homosexuels puisque, dois-je le rappeler, la Norvège et l'Islande ne font pas partie des 27 Etats membres de l'U.E. 

 

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5 - La place de l'industrie navale européenne ne pèse que 5% du tonnage mondial, ce qui est très peu. Dans le naval miltaire, l'Europe est bien placée sur le secteur des navires fortement armés ou fortement techniques comme les sous-marins classiques. Il n'y a quasiment que l'Europe qui construise des navires à passagers: l'Italie, l'Allemagne et la France. Pour les porte conteneurs ou les navires transporteurs de gaz, l'Europe est quasiment absente. Dans l'activité navale de défense, le problème est celui de la dispersion des acteurs européens. Il n'y a pas de coopération qui se soit développée dans les dix dernières années. Si l'Europe continue à jouer de manière dispersée, en matière d'exportation, on sera mal, dixit le Gican (Groupement des Industries de Construction et Activités navales).

 

Tout cela sur fond de crise en Syrie où les Etats-Unis et l'Union européenne, en juin 2011 voulaient obliger Bachar-el-Assad à stopper la répression sanglante des mouvements populaires après trois mois de violences; on a vu l'efficacité de ces demandes...

 

Pour terminer ce modeste tour d'horizon des affaires traitées ou gérées par l'Union européenne, je n'oublierai pas de mentionner le pays le plus mal noté au monde (CCC par l'agence Standar & Poor's). En juin 2011, il y a 15 mois, on se demandait comment aider à nouveau la Grèce sans affoler les marchés. Les pays de la zone euro tentaient de mettre au point un nouveau plan d'aide à la Grèce pour la soulager du poids de son énorme dette - près de 350 milliards d'euros - après les 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans promis en 2010.

 

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Voilà ce que disait Henry Lauret le 16 juin 2011: "La galère grecque: il n'est pas raisonnable ni sérieux de dire que la dette grecque menace nos banques. La dramatique qui se joue à Athènes depuis des mois met d'abord en péril la Grèce elle-même en tant que nation, les Grecs en tant que peuple à part entière de l'Europe et, enfin, la construction européenne proprement dite. Il se trouve, en effet, que BNP Paribs, la Socitété Générale et le Crédit agricole sont exposés en Grèce à hauteur de 10.5 milliards d'euros sous forme de titre d'Etat et de dettes privées. Si les Grecs venaient à faire défaut, nul doute que nos trois banques tricolores auraient bien du mal à revoir la couleur de leur argent. Est-ce aujourd'hui le sujet de préoccupation de ceux qui crient leur désespoir dans la rue? Imagine-t-on seulement ce que serait le cataclysme politico-financier d'une faillite déclarée à Athènes?

De fait, l'exposition des banques européennes est un peu la face cachée de la crise grecque. Avant le tsunami de 2008, ces banques ont fait des affaires, surfant sur les facilités d'une administration peu regardante et d'une économie dont les comptes étaient délibérément truqués. Tout le monde savait. Tout le monde en a profité. Les banquiers allemands, les premiers impliqués, ont encore pour plus de 15 milliards d'euros d'engagements du côté du Pirée, ce qui fait dire que Berlin a jusqu'ici fait plus pour sauver ses banques que pour sauver la Grèce. Que les agences de notation veuillent dégrader nos banques du fait de leurs risques grecs, c'est un peu l'écume des choses. Du reste, BNP Paribas, le Crédit agricole et la Société Générale sont bien assez solides pour encaisser un possible choc. Et puis, nolens volens, les créanciers privés vont probablement devoir participer au sauvetage, BCE, Commission de Bruxelles et FMI compris. Tous piégés dans une galère grecque qui n'a décidément rien de l'antique barque pour Cythère."

Le 17 juin 2011, une aide immédiate (12 milliards d'euros) a été versée mais un nouveau plan d'aide à long terme pour éviter la banqueroute au pays a été repoussé à plus tard.

La révélation en 2009 du trucage de ses statistiques a fait apparaître que la Grèce avait accumulé des dettes colossales. L'aide du printemps 2010 devait lui éviter la faillite sans passer par les marchés. Mais ce scénario  a échoué. Le déficit public de la Grèce baisse plus lentement qu'escompté, le pays est englué dans la récession et la défiance des investisseurs ne fait que s'amplifier. Quelle solution rapide pour aider la Grèce?

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 03:19

 

La Belgique et la France ont longtemps fait figure d'exception en Europe au sujet de la présence d'un avocat lors d'une garde à vue. En Belgique, la garde à vue est limitée aux crimes et aux flagrants délits mais comme en France, aucun texte ne prévoyait la présence d'un avocat jusqu'à l'adoption le mois dernier d'une loi qui devrait prochainement entrer en vigueur.

En Allemagne le suspect peut, à tout moment, y compris avant l'interrogatoire, consulter un avocat de son choix. Idem en Angleterre, au Pays de Galles, au Danemark. En Espagne, l'assistance d'un avocat est inscrite dans la Constitution. La personne placée en garde à vue ne peut pas y renoncer et un avocat commis d'office lui est assigné si elle n'en choisit pas un. La situation est à peu près semblable en Italie.

Après des mois de tergiversation, le Portugal a fini par céder, invoquant l’aggravation dramatique de sa situation financière (taux d’intérêt trop élevés exigés par les marchés pour emprunter).

La Grèce – printemps 2010 – a bénéficié de prêts de pays de l’UE et du FMI – 110 milliards d’euros. La crise a failli emporter la monnaie unique, alors les pays européens ont mis sur pied un arsenal pour se défendre : le fonds de soutien pour les pays de la zone euro en difficulté et garanties d’emprunts par les pays membres.

Le tabou qui interdisait auparavant qu’un pays en difficulté budgétaire puisse être sauvé par ses partenaires a sauté, malgré les réserves de l’Allemagne.

L’Irlande –automne 2010 – a bénéficié du Fonds de soutien (85 milliards).

Les ministres des finances viennent de décider de relever la capacité de prêts de leurs fonds de secours de 250 à 430 milliards d’euros.

L’Espagne (liens étroits avec l’économie portugaise) et la Belgique (sans gouvernement depuis 10 mois) sont dans la ligne de mire. C’est toute l’Union monétaire qui pourrait être précipitée dans une nouvelle zone de turbulences, après une période d’accalmie.

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 11:51

MISTRA-1.JPG Sur mer, la vieille rivalité qui oppose la France et l'Angletere pourrait prendre un nouveau virage.

Le 28 février 2011, l'amiral Forissier, Chef d'Etat-Major de la Marine annonçait aux officiers élèves partant pour la "mission Jeanne d'arc", (Ecole d'application des enseignes de vaisseau) à bord du Porte-Hélicoptère MISTRAL, le rapprochement et la collaboration avec la Royal Navy.

Les échanges se poursuivent dans le domaine de l'aéronavale entre ces deux Etats membres de l'Union européenne, même s'il n'y a toujours pas de construction de porte-avions auprès des Anglais en vue. Avec un système de catapultage commun, les avions des deux pays pourront venir de poser et travailler sur les 23263.jpgdeux porte-avions. Manière idéale de compenser la longue absence du porte-avions français durant sa période d'entretien programmée. Le dispositif éviterait  surtout aux deux pays une trop longue absence  de pont d'envol durant l'entretien régulier de leurs bâtiments. La collaboration renforcée de l'aéronavale franco-britanique permettrait surtout une permanence de l'entraînement et des qualifications des pilotes des deux pays, handicapés par l'absence d'un deuxième porte-avions.

                                     En France, 8955 on n'a pas d'argent pour construire un deuxième et coûteux porte-avions, mais les Anglais pourraient solutionner en partie ce problème.

Pour une mutualisation de la dissuasion nucléaire entre les deux pays, l'Amiral  a rappelé que la question n'était pas à l'ordre du jour. Qu'en disent les hauts responsables de la Défense européenne? D'abord que deux Etats membres prennent des initiatives isolément, sans concertation avec Malte, Luxembourg ou la Roumanie, voire la Slovénie ou bien la Lituanie? Ensuite peut-on imaginer les Texans ou les Floridiens aptes à se poser sur USS Harry S. TRUMAN et pas les pilotes originaires de Californie, de l'Ohio ou d'Alabama? Est-ce que les amiraux anglais et français ne croient pas en la Défense européenne pour contracter entre eux, infifférents à la PSDC (Politique de sécurité et de défense commune de l'Union européenne)?

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