Hubert Coudurier : Face au Hollande-bashing (critiques répétées contre le Président) qui rend son discours inaudible, hormis une légère rémission agrémentée d’une hausse sondagière durant les cérémonies du D-Day, Manuel Valls est à la manœuvre pour tenir sa turbulente majorité. Présent d’un bout à l’autre des questions d’actualité à l’Assemblée, il soigne les parlementaires qui se disent désormais orphelins du chef de l’État. Lequel s’était engagé durant la campagne présidentielle à ne pas les recevoir, contrairement à son prédécesseur. Mais pourrait aussi, dans ce domaine, changer d’attitude. Trois projets de loi décisifs doivent être adoptés d’ici à l’été, à commencer par le collectif budgétaire qui est un serrage de vis supplémentaire de six milliards d’euros pour rester dans les clous du Pacte de responsabilité prévoyant 50 milliards d’économies sur trois ans. Toutefois, il faut également ajouter le projet de maîtrise des comptes de la Sécu, ainsi que la réforme territoriale. Or, les députés frondeurs, une quarantaine qui prétendent avoir sensibilisé une centaine de membres du groupe socialiste, savent qu’il ne leur reste que quelques semaines pour mettre la pression sur le gouvernement qui aura recours à l’article 49-3 (vote bloqué) à partir de la rentrée. Malgré leur volonté d’élargir l’allégement fiscal en faveur des foyers les plus modestes (de cinq à 16,5 milliards), le Premier ministre se montre attentif mais inflexible. Pas question d’aller au-delà des concessions déjà accordées sans dénaturer l’esprit du pacte. Deux ans après son élection, le Président qui a trop tardé avant de prendre des mesures, somme toute modestes, pour réduire la dépense publique, a besoin d’obtenir des résultats. Et son Premier ministre aussi qui voit déjà sa cote de popularité baisser même s’il maîtrise mieux l’art de la com’ tout en constituant une sérieuse concurrence dans la perspective de 2017.