Le Président ayant décidé de fêter ses 60 ans dans la plus grande discrétion, calamiteux bilan intérieur oblige, l’actualité s’est déplacée sur la politique internationale. Un domaine dans lequel nos dirigeants excellent car la
posture y règne souvent en maître. En effet, il n’y a pas beaucoup de coups à prendre, sauf engagement militaire sur le terrain comme en Afrique. En l’occurrence, après un silence pesant durant le dernier affrontement
israélo-palestinien à Gaza, c’est le sort des chrétiens d’Irak qui agite nos politiciens,
impuissants face aux problèmes intérieurs, mais toujours prompts à donner des conseils sur la marche du monde. « L’effacement de l’Europe est honteux », a tonné l’ancien ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, tandis que Laurent
Fabius, l’un de ses successeurs au Quai d’Orsay, invitait Catherine Ashton, la haute représentante de l’Union européenne, à « interrompre ses vacances ». Bruno Le Maire, qui était au côté de Dominique de Villepin lors de son fulgurant discours (réécrit 40 fois) à l’Onu pour s’opposer à la guerre des États-Unis en Irak, se fend, pour sa part, d’une tribune à Libération : « Avec François Hollande, notre diplomatie est en train de perdre ce qui faisait sa force : le respect. Son art de la synthèse a sans doute fait merveille dans les congrès du Parti socialiste. Hélas, il nous décrédibilise désormais sur la scène internationale ».
Tout ce qui est excessif est insignifiant. D’abord, la diplomatie française, qui se
pousse volontiers du col, est expérimentée. Toutefois, on en voit les limites du fait de notre faiblesse économique. « C’est un peu comme si la Jordanie nous donnait des conseils sur la Corse », m’avait, un jour, plaisamment confié un diplomate. Ensuite, c’est d’abord le désengagement américain au Proche-Orient qui pose problème. Le retour d’Obama en Irak n’est qu’un faux-semblant. Partisan d’une intervention en Syrie, Hollande s’était retrouvé seul face au refus du Congrès américain. En Israël, l’Élysée a rectifié le tir après avoir semblé, dans un premier temps, donner quitus à la ligne israélienne. Bref, il serait temps d’arrêter de crier haro sur le baudet. - Hubert Coudurier - Le Télégramme du 13 août 2014 -