La force de l'aéronautique navale, la base de Lanvéoc-Poulmic ainsi que la Flottille 34F/ESHE ont accueilli les anciens qui ont servi sur Alouette III pour célébrer l'adieu aux armes des vénérables Alouette III.

Après 60 ans de bons et loyaux services au sein de la Marine nationale, avec près de 330 000 heures de vol et d'innombrables missions opérationnelles, c'est un chapitre historique de l'aéronautique navale qui se clôt ce 9 décembre 2022.

Cet hélicoptère à la longévité exceptionnelle aura connu tous les océans des détroits de Patagonie à la Polynésie, tous les porte-avions de l'Arromanche au Charles de Gaulle et toutes les missions , du sauvetage à l'ASM en passant par la lutte anti-piraterie et la formation des centaines de pilotes.

Cette cérémonie marque également le renouveau de la composante hélicoptère avec l'arrivée des H160 et, à terme de l'hélicoptère Guépard.

La cérémonie était présidée par l'Amiral Pierre Vandier, chef d'Etat-Major de la Marine.

L'Alouette III, un hélicoptère monomoteur qui a été de toutes les surveillances et tous déploiements depuis 60 ans. L'Alouette III vit son dernier envol à Lanvéoc.

Tout d'abord, une silhouette reconnaissable entre mille. Puis le tintement métallique  de son moteur (turbine). En l'air, le claquement caractéristique de ses pales souples. Ses vols à basse altitude complètent le signature de cet appareil familier des marins et des Bretons de la pointe. Après le 31 décembre 2022, les trois dernières Alouette de la Marine ne décolleront plus de Lanvéoc.

L'Alouette III s'est posée sur la plupart des navires de guerre français et a veillé pendant des décennies le long des côtes et des intérêts nationaux. A Brest, les hélicos bleu marine, et non pas gris comme les nouveaux hélicoptères arrivés dans la Marine récemment, sont indissociables de la sécurisation et des approches des sous-marins nucléaires de l'Ile-Longue.

Lorsque l'Alouette longe les collines de la rade et du Goulet de Brest, c'est qu'un sous-marin s'éloigne ou est en approche. Chargé de la vérification visuelle et de la protection du plan d'eau, les équipages ont, pendant plus de 50 ans veillé à la sécurisation de la force de dissuasion.

Parmi les dizaines d'Alouettes qui ont été déployées à travers le temps, il ne reste plus que 3 Alouette III qui fonctionnent encore sur la base de Lanvéoc. Amoureusement entretenues, ces machines affichent un taux de disponibilité à faire pâlir les monstres de technologie progressivement arrivés sur la B.A.N. "L'Alouette tourne ici autour des 95 % de taux de disponibilité. Elle est opérationnelle la majeure partie du temps. Je l'ai connue au plus bas à 85% de disponibilité et c'était plutôt en déploiement lointain ou en Outre-mer", commente le maître-principal chargé de son entretien au Poulmic.

"Sur certains détachements, on n'en menait pas large quand ça canardait depuis le sol", raconte un autre fan absolu des Alouette III. Contrairement aux hélicos de l'Armée de l'Air, l'Alouette marine n'était pas prévue pour aller au combat? "Sans blindage, on avait l'habitude de mettre le gilet pare-balles et du plexi blindé sous nos fesses. Il fallait prier pour que les balles ne traversent pas la bulle en léger plexiglass et surtout pas les pales."

Pas de vitesse supersonique mais une agilité de spectaculaires évolutions à très basse altitude. "C'est un régal à piloter" avouent les plus jeunes qui, jusqu'en 2018 étaient encore formés sur Alouette III (la navalisation). La vitesse de croisière se situe à 90 nœuds (165 km/h) et on peut pousser la machine  en cas d'urgence vitale jusqu'à 118 nœuds (215 km/h) confirme un vieux chibani (pilote chevronné).

Sans être trop chargé, on peut voler plus de deux heures trente, moins lorsqu'on embarque sept personnes, équipage compris. 

Un pilote se souvient d'avoir treuillé un groupe électrogène de plus de 400 kg. En limite de charge, il avait mis 150 litres de kérosène, juste pour faire la manip sans traîner.

Hélitreuiller des marins en détresse, sortir de la panade des survivants de catastrophe naturelle, transporter en civière un blessé grave, récupérer des marins pêcheurs, assurer la récupération des pilotes de chasse du porte-avions éjectés à l'appontage ou au catapultage...

Les marins doivent une fière chandelle à leur bel oiseau bleu marine et sa longévité précieusement entretenue.

Parmi les quatre accidents mortels survenus sur Alouette III dans l'aéronautique navale, celui qui eut lieu en Bretagne le 16 août 1973, à proximité de l'île de Sein fit quatre membres d'équipage décédés en mer, deux pilotes et deux mécaniciens.

Pendant la cérémonie, nous avons eu le loisir de découvrir de magnifiques clichés exceptionnels de Ewan Lebourdais, P.A.M. (peintre et artiste de la Marine) que la Flottille 34/ESHE a accueilli pour lui permettre d'immortaliser l'Alouette 3.

Saluons Sabastien Richard et Korentin Guivarch qui ont exposé certains de leurs clichés réalisés au cour de leur carrière de marin, ainsi qu Alain Jamet et Eric Bary eux aussi Peintres Officiels de la Marine.