Après avoir découvert le site minier de Locmaria-Berrien comme décrit et illustré dans mon dernier article publié sur www.123siteweb.fr/gebete29/
Voici la description de la gitologie de cette mine de Locmarria-Berrien. Si j'ai la place, je vous parlerai du Camp d'Arthus de Huelgoat, du Pont ar Gorret de Poullaouën et des vestiges de la motte féodale du Valy du XI° et XII° siècle.
Gitologie de la mine (science qui étudie les gisements ou gîtes de minerais exploitables): le gisement comprend 3 filons de quartz minéralisé orientés Nord-Sud. Le filon principal s'étend sur 1 km de long à 290 m de profondeur. Les colonnes minéralisées étaient riches en galène (sulfure de plomb) qui prédominait dans le gisement et était combiné avec de l'argent. La blende (sulfure de zinc) était moins fréquente, et la pyrite de fer et de cuivre assez rare. La galène contenait 50 à 55% de plomb à Locmaria. La proportion d'argent était de 2 pour 1000.
De 1750 à 1762, l'expoitation se fit par de simples galeries creusées à flanc de colline, des pompes à bras assurant l'exhaure (L'eau présente au fond de la mine est ramenée à la surface grâce un ensemble de pompages dits d'exhaure) et l'eau du ruisseau servant au lavage du minerai.
Puis furent installées des machines hydrauliques alimentées par les eaux de deux canaux, le canal inférieur en 1762 et le canal supérieur en 1774. Leurs roues à aubes de 13 mètres de diamètre actionnait, grâce à de longs tirants les pompes assurant l'exhaure (évacuation) des eaux d'infiltration dans les puits: ces puits avaient jusqu'à 300 mètres de profondeur.
En 1832, pour remplacer ces machines hydrauliques, insuffisantes pour les besoins de pompage, la mine se dote d'une pompe à colonne d'eau mise au point par JUNCKER. Entièrement en bronze, elle pesait 16 tonnes; c'était une véritable merveille technique qui évacuait de 230 m. de profondeurs 220 m3 d'eau par heure.
La remontée du minerai en surface se faisait parfois par des tournicots, treuils à manivelle, mais le plus souvent par une machine à molette, manège mu par des chevaux. Au XX° siècle, elle se faisait par un système motorisé. Le minerai, après avoir été trié et lavé, était cassé par des machines à roue hydraulique en bocards, puis était transporté aux fonderies de Poullaouën.
Entre 1766 et 1788 (apogée) la production annuelle des deux mines, était, de 650 tonnes de plomb marchand et de 1600 kg d'argent.
LE CAMP D'ARTUS - HUELGOAT
Le camp d'Artus est un exemple de d'oppidum gaulois dont les structures ont été mises en évidence par les fouilles de Sir Mortimer Wheeler en 1938. Le rempart principal est du type "murus gallicus" tel que l'a décrit Jules César dans "De bello gallico" VII-23.
* une première phase d'occupation a consisté en la construction d'un camp exceptionnellement étendu (une trentaine d'hectares).
* dans un deuxième temps, la surface du camp a été réduite à la partie nord et le rempart principal a été surélevé pour atteindre, voire même dépasser 4 mètres de hauteur.
* beaucoup plus tardivement, l'extrêmité nord fut choisie pour la construction d'une motte féodale.
L'ossature du rempart principal est constituée par des poutres entrecroisées rendues solidaires à l'aide de fiches en fer. Ces poutres sont noyées dans une masse de terre qui est maintenue, du côté externe par un mur de pierres dans lequel s'encastrent les poutres transversales. Ceci correspond à la description d'un "mur gallicus" telle que l'a faite Jules César: "Tous les murs gaulois sont à peu près formés de cette façon: des poutres se croisent perpendiculairement sont posées sur le sol et se suivent sans interruption sur toute la longueur du mur. Elles sont séparées par un espace de 2 pieds.
Elles sont rendues solidaires entre elles et recouvertes par une masse de terre, tandis que les espaces sus-mentionnés sont parés extérieurement de pierres. Quand cette rangée est réalisée et consolidée, une seconde semblable est rajoutée par dessus en respectant les mêmes intervalles, de telle façon qu'elle ne touche pas la première, mais en soit séparée par un rang de pierres.
L'ouvrage est ainsi constitué, niveau par niveau, jusqu'à ce que le mur ait atteint la hauteur désirée. Un tel ouvrage offre un aspect varié, par l'alternance de poutres et de pierres et est particulièrement approprié à la défense des villes. En effet, les pierres protègent du feu et le réseau de poutres des coups de bélier qui ne peuvent ni briser, ni disloquer une ossature ininterrompue constituée de poutres longues en général de quatre pieds, qui sont reliées les unes aux autres."
En plus du rempart principal, le mur était également protégé par un réseau avancé de lignes de défense: talus, fossés mais aussi tours, portes, ponts en bois situés aux endroits plus vulnérables, notamment près des entrées.
Un tel retranchement n'a pu être prévu que pour la sécurité d'une grande population et pour constituer un point de ralliement en période troublée.
Ce fut probablement le camp principal des Osimes (région de Châteaulin) qui s'étaient liguées avec les Vénètes (Vannes et le Morbihan d'aujourd'hui), les Coriosolites (Baie de Saint-Brieuc; ouest de l'Ille-et-Vilaine d'aujourd'hui), les Namnètes (partie nord du département de Loire-Atlantique, ils ont donné leur nom à Nantes), les Riedones (région de Rennes; est de l'Ille-et-Vilaine d'aujourd'hui) et bien d'autres peuples encore, pour faire face à l'invasion romaine.
Il a pu servir en 56 et 51 avant J.-C. et est par conséquent bien antérieur au légendaire roi Arthur dont il porte le nom.
PONT AR GORRET à POULLAOUEN
Construit sur l'ancienne voie romaine reliant Carhaix-Vorgium à Morlaix, ce pont dont la construction n'est pas datée, adopte le modèle des autres ponts du Poher: trois arches sparées par deux forts éperons triangulaires.
Vestiges de la motte féodale du Valy (XI-XII ème siècle)
Le duché de Bretagne, à la pointe de l'Europe, était un enjeu stratégique pour les royaumes naissants de France et d'Angleterre. Face aux appétits de conquêtes et confronté aux guerres privées du féodalisme, le pays se couvrait de fortifications (enceintes, mottes féodales et maisons fortes).
La motte était le château fort de la période des XI et XII ème siècles, c'était la fortification d'un seigneur, d'un homme qui avait de la guerre son métier et qui pouvait défendre les gens se plaçant sous sa protection.
Au XVI ème siècle, le baron de Keraliou de Loscoat, époux d'une Dame de fer de la Motte, régnait ici sur un domaine de 346 hectares de futaies et de haies douar (collines labourées).
Ce lieu était une seigneurie ayant droit de haute et basse justice, prétention énoncée dans les aveux de la Chambre des Comptes. Cette justice fut supprimée en 1682 par les commissions de la réformation du domaine.
La basse-cour est un retranchement protégé par un fossé et un talus bordé de pieux, qui servait de première ligne de défense. Elle abritait les divers dépendances du château, les écuries et les habitations des proches du seigneur.