FRANCOIS II, né le 23 juin 1435, règne de 1458 à 1488.
Il aime les plaisirs, les arts, et mène résolument une ambitieuse politique d'indépendance du duché. Influençable, il sait cependant s'entourer de fortes personnalités.Le duché est bien administré, prospère et en paix grâce à sa diplomatie et ses alliances. Malgré trente années d'effort, le rapport de force aboutit à la défaite du duc qui en meurt.
Comme ses prédécesseurs, François II s'appuie sur les Etats de Bretagne qu'il réunit solennellement (comme à Vannes en 1462, en la salle des halles). Installé à Nantes, il transforme le vieux château ducal en forteresse, mais il n'aura pas le temps d'habiter le luxueux nouveau logis achevé par Anne... car un danger mortel guette le duc et le duché: l'avènement de l'intrigant et ambitieux Louis XI (1423-1483).
Totalement dénué de scrupules, Louis XI veut faire l'unité territoriale de son royaume et est prêt à tout pour y parvenir.
François II perçoit vite les agissements curieux du souverain. Le roi accueille et encourage l'évêque de Nantes qui refuse l'hommage à François II, intrigue avec les Anglais, confique les biens des Bretons en France, multiplie les actes de chicane, dit qu'il veut abattre les grands seigneurs.
De son côté, LOUIS XI se plaint que le duc de Bretagne refuse l'hommage lige et l'appel au parlement de Paris, traite directement avec le pape, s'intitule "duc par la grâce de Dieu", son écu porte couronne souveraine, frappe monnaie d'or, lève ses propres impôts...
Le 18 octobre 1464, les Etats de Bretagne votent un impôt spécial pour les forces militaires du duché.
Par sa politique autoritaire, Louis XI provoque le mécontentement du clergé, de la noblesse écartée du pouvoir et du peuple pressuré d'impôts. En 1465, les grands féodaux se coalisent en une "Ligue du bien public" et marchent sur Paris.
FRANCOIS II, accompagné de Charles, frère du roi, avance à la tête de 10 000 Bretons dont 800 ont quitté l'armée de Louis XI pour rejoindre leur duc. Louis XI s'enferme dans Paris. Les armées des princes insurgés campent autour.
Louis XI finit par céder et signe un traité à Conflans le 5 octobre 1465 puis à Saint-Maur le 30 octobre 1465.
Mais Louis XI s'empresse de reprendre la Normandie cédée à son frère Charles qui se réfugie en Bretagne. En octobre 1467, les Bretons s'emparent de la Basse-Normandie et François II s'allie à l'Angleterre. La puissante armée royale contre-attaque et menace la Bretagne par une double offensive de la Normandie et de l'Anjou. Mais Louis XI, qui craint l'intervention de Charles de Bourgogne, préfère signer un traité de paix, à Ancenis, le 10 septembre 1468. Cette politique de François II suscite le mécontentement de certains nobles, comme le vicomte de Rohan, qui préfèrent passer en France où Louis XI les accueille avec empressement et les comble de dons.
Comme Louis XI poursuit ses démonstrations de force, FRANCOIS II réagit en convoquant ses troupes et l'on signe des traités ou des trêves comme à Poitiers le 8 décembre 1472. L'un après l'autre, les grands féodaux disparaissent. Le 5 janvier 1477, Charles le Téméraire, le puissant duc de Bourgogne, est tué à Nancy. La puissance bourguignonne abattue, la Bretagne reste seule face à LOUIS XI.
Le duc François II est influençable, prématurément usé. Son entourage reflète les sourdes et âpres luttes entre les factions, les passions... Veuf en 1469, François II se remarie en 1471 avec Marguerite de Foix dont il a deux filles: Anne et Isabeau. Jouisseur, le duc a longtemps été dominé par sa maîtresse, Antoinette de Villequier. Décédée en 1475, elle lui a donné quatre enfants, dont le très actif sire d'Avaugour, Comte de Vertus.
Le grand chancelier Guillaume Chauvin (1422-1484) est favorable à l'alliance française. Il représente la tendance des grands seigneurs, et des prélats qui ont terres, attaches, pensions en France.
Le trésorier Pierre Landais (1430-1480) est "indépendantiste", partisan d'alliances étrangères. Drapier ayant fait fortune dans le négoce, Pierre Landais exprime les aspirations des milieux d'affaires et des nationalistes.
Tous les coups sont permis: corruption, traîtrise, enlèvements, espionnage! Ainsi, Nicolas Bomel vend à Louis XI le courrier secret du duc. Il finit noyé, cousu dans un sac, dans les douves d'Auray! Le 5 octobre 1481, Guillaume chauvin est arrêté et emprisonné. Pierre Landais, triomphant, gouverne le duché sans ménagement.
Le 7 avril 1484, des barons excédés, essaient d'enlever le trésorier en pénétrant par surprise dans le château ducal. Les comploteurs doivent fuir pour échapper aux nantais accourus secourir leur duc et se réfugier en France.
Les barons factieux ont signé, le 22 et 28 octobre 1484, un traité à Montargis qui abandonne le trône ducal au roi de France. Louis XI mort, c'est sa fille, la régente Anne de Beaujeu, qui poursuit sa politique.
L'armée ducale commandée par François d'Avaugour se concentre à Chateaubriant et rencontre celle des barons le 24 juin 1485 à Ancenis. Les barons entament une série de reniements et de volte-faces entre la France et la Bretagne ce qui va être déterminent pour l'avenir. Et au lieu de se combattre, les deux armées ont pactisé. Pierre Landais n'avait plus que des ennemis. Il est arrêté, jugé et pendu le 19 juillet 1485.
Un énième traité de paix perpétuelle est signé avec la France: c'est le traité de Bourges, signé à Nantes par le duc le 9 août et par le roi à Bourges le 2 novembre 1485.
Intrigues, révolutions de palais, aventures militaires ne touchent guère la Bretagne qui bénéficie sous François II de la paix intérieure. Le duché est bien administré: commerce et agriculture connaissent de bonnes et mauvaises périodes comme toute économie. François II se reprend, les barons se rallient. Anne de Beaujeu poursuit sa politique d'assujettissement: le duc défend son indépendance. François IIn'a pas de fils à part son bâtard, le sire d'Avaugour, il a deux filles: Anne et Isabelle. Le 8 février 1486, François II réunit les Etats à Rennes pour poser la question de la succession. Le 10 février, les Etats reconnaissent reconnaissent les filles du duc comme seules héritières du trône et leur prêtent solennellement serment de fidélité.
Le duc a fait alliance avec l'Angleterre et Maximilien d'Autriche. La régente Anne de Beaujeu mécontente à nouveau les grands féodaux Louis d'Orléans, Dunois, d'Albret, Bourbon, Lorraine qui s'unissent contre ses manigances. Et comme toujours, ces princes en désaccord se réfugient en notre bonne Bretagne. Mais ces seigneurs français, Dunois, d'Orléans, d'Orange, et d'autres forment le conseil ducal. Ils évincent les barons bretons et le peuple n'aime guère ces étrangers trop influents qui amènent à la guerre!