Comment les Fêtes maritime de Brest, issues d’un modeste rassemblement sur une grève de Logonna-Daoulas, à Pors Beac’h, en 1980, sont-elles devenues l’un des plus grands rendez-vous nautiques au monde ?
C’est l’histoire d’un territoire qui s’est révélé en bleu, d’une vitrine maritime qui n’a cessé de s’étoffer, d’un événement populaire qui s’est appuyé sur une ville puis l’a boostée, en ouvrant une zone militaire habituellement fermée au public. Depuis trente-deux ans, les Fêtes de Brest ont fédéré les forces maritimes et le tissu économique de la pointe Bretonne.
Tout démarre en 1980 à Logonna-Daoulas, dans le fond de la rade de Brest, à Pors Beac’h, sur une grève où une poignée de passionnés viennent mouiller et échouer leurs coques de noix à la bonne franquette.
Au fil des éditions suivantes (1982 et 1984), ils rassemblent des plateaux de plus en plus relevés. Années bénies et libertés nautiques assumées ! Comme ce jour où Éric Tabarly débarque de son Pen Duick, à Pors Bac’h, en godillant depuis son annexe, sans avoir signalé son arrivée.
Par manque de place, ce « Woodstock maritime » met le cap vers Douarnenez en 1986 et 1988. Au lendemain de Douarnenez 88, le Chasse-Marée dit qu’il faut organiser cette fête à Brest et viser le soutien de la Marine nationale. Il est prévu que le « retour de noces » se face à Douarnenez, avec une grande parade entre les deux ports. Le mythe est en route.
Les bateaux à visiter :
Gulden Leeuw – Goélette à trois mâts, lancée en 1937 au Danemark, longue de 70 m et un équipage entre 5 et 10 marins.
Santa Maria Manuela -Ggoélette à quatre mâts, lancée en 1937 au Portugal, longue de 67 m et un équipage de 22 marins et 50 stagiaires.
Belem – Trois-mâts barque, lancé en 1896 à Nantes, long de 58 m avec un équipage de 16 marins et 48 cadets.
Thalassa – Navire océanographique, lancé en 1996 à Dieppe, long de 73 m avec un équipage de 17 à 25 selon les missions.
Garonne – Bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain, lancé en 2019 à Concarneau, long de 70 m avec un équipage de 17 marins (double équipage).
Hydrograaf – Navire hydrographique, lancé en 1910 aux Pays-Bas, long de 40 m avec un équipage de 23 marins, jusqu’à 150 passagers.
À quoi ressemble une soirée au port ? Leurs nuits sont-elles plus belles que leurs jours ? À Brest, quand la nuit tombe d’autres Fêtes maritimes commencent avec un port qui grouille de vie jusqu’à tard le soir. Aux Fêtes maritimes, les quais grouillent de vie jusque tard. Très tard le soir. Entre concerts, spectacles et juste l’envie d’être entre copains, les soirées sur le port durent.
Le feu d’artifice a encore été l’un des moments forts de la soirée des Fêtes maritimes de Brest dimanche 14 juillet. 23 heures : un soir de spectacle de drones, le lendemain, même heure feu d’artifice.
Les tops des Fêtes maritimes de Brest 2024 - La place pour circuler, la vue depuis les quais C’est la première impression qu’on a eue sur le site. Davantage d’espace pour circuler, moins de stands et tentes devant les quais. Super pour le coup d’œil, génial pour ne pas suffoquer dans la foule !
Bienveillance sur le pont - Conséquence d’un plan de fête bien pensé : les festivaliers sont apparus tranquilles et détendus. Pas d’agacement même dans les files pour visiter les bateaux, que de la bienveillance et même de la politesse pour laisser passer. On a adoré le côté « zen » de la fête. Une sacrée performance avec plusieurs dizaines de milliers de visiteurs par jour.
Penfeld toujours aussi magique - Toujours aussi magique, la découverte de la Penfeld ouverte au public et le sentier de la rose qui contourne la base navale. Un point de vue sur Brest qu’on adore. Le cœur historique de la Royale accessible tous les quatre ans.
« Ce sont nos têtes d’affiche » : aux Fêtes maritimes de Brest, combien ça coûte de faire venir les grands voiliers ? Aux Fêtes maritimes, ce sont eux les stars. Les grands voiliers, au nombre de 27 à Brest, sont très attendus. Mais combien ça coûte, au juste, de les affréter ?
Concrètement, les organisateurs de fêtes maritimes paient leur venue à un tarif fixé. Pour amortir ce coût ou se permettre davantage de marge de manœuvre dans l’organisation d’autres animations comme la tenue de concerts ou de stands à côté, ces bateaux peuvent être privatisés par des entreprises. Les sommes sont alors perçues par l’organisation.
Si, pour la majorité des festivals maritimes, l’affrètement des bateaux est le premier poste budgétaire, et de loin parfois, ce n’est pas le cas à Brest. Mais tout de même. Pour les 27 grands voiliers venus aux Fêtes maritimes 2024, le coût total est estimé entre 1,2 et 1,3 M €. Soit un peu moins de 50 000 € chacun en moyenne. Ces bateaux sont des têtes d’affiche. De la même façon que peuvent l’être des stars internationales pour un festival de musique.
Si on vous dit que, sur l’eau, le spectacle des Fêtes maritimes de Brest 2024 est encore plus dingue, vous nous croyez ?
« Quel spectacle de voir tous ces bateaux sous voiles ! » « On a même vu filer un trimaran à fond parmi la forêt de vieilles coques. C’était magique ! » « On s’est sentis vraiment privilégiés de se retrouver sur l’eau, de naviguer en rade. Et ça fait quelque chose d’arriver à quai devant tous ces gens qui nous regardent ». « On n’a pas l’habitude de voir les bateaux naviguer pendant une fête maritime ; C’est pour ça qu’on vient à Brest. On n’a pas hésité un instant pour se payer un embarquement. Voir les bateaux à quai, c’est comme admirer des oiseaux sans ailes. La magie des Fêtes maritimes se nourrit de cet incessant va-et-vient des bateaux, cet incroyable vire-vire comme disent les marins, produisant un spectacle permanent.
Cette grande manifestation maritime est née initialement grâce à l'organisation de rassemblements de bateaux et de fêtes populaires à quai dès les années 1980, appelée Pors Beac'h en 1980, 1982 (23, 24 et 25 juillet) et 1984 (9 au 12 août), petit port de Logonna-Daoulas, au fond de la rade de Brest. L'organisation est alors assurée par l'Association Groupe Finistérien de Croisière de Jakez Kerhoas et l'aide des fondateurs de la revue Chasse-Marée.
En 1986 et 1988, c'est à Douarnenez que ce rassemblement est organisé par cette même association. En 1986, 400 voiliers traditionnels y sont inscrits et 10 000 spectateurs s'y rendent. Par le succès populaire de cet évènement et l'adhésion des collectivités publiques, des initiatives de restauration de bateaux traditionnels et des constructions de répliques de bateaux de modèles anciens se multiplient.
Après Douarnenez 88, un grand élan est donné par le concours Bateaux des côtes de France patronné par le magazine Chasse-marée en 1990, afin de participer au premier grand rassemblement international de Brest & Douarnenez 1992. Des bateaux, répliques d'anciens, sont construits à partir des règles traditionnelles dans les chantiers navals locaux et des lancements festifs se font à l'occasion. D'autres bateaux anciens sont aussi restaurés pour ce futur évènement.
Édition 1996 - Brest 1996 : du 13 au 20 juillet 1996.
Brest fête les 100 ans du Belem et le lancement du Notre Dame de Rumengol restauré et classé aux monuments historiques. Lors de cette édition, on peut observer une représentation des 1001 sonneurs de Brest (plusieurs bagad), cette édition s'achève par une régate.
Quelques grands voiliers présents :
Pride of Baltimore II - États-Unis ; HMS Rose - États-Unis ;
Kaskelot - Royaume-Uni ; Matthew - Royaume-Uni ;
Khersones - Ukraine ; Statsraad Lehmkuhl - Norvège ;
Christian Radich - Norvège ; Thalassa - Pays-Bas ;
Tecla - Pays-Bas ; Oosterschelde - Pays-Bas ;
Antigua - Pays-Bas ; Swan- Pologne ; La Recouvrance - France ;
Belle Poule - France ; Étoile - France ; Belem - France;
Notre Dame de Rumengol - France.
Statistiques : Près de 2500 bateaux - 17000 marins - 30 pays représentés - Plus d'un million de visiteurs - 5500 bénévoles.
Les Fêtes maritimes sont dans l’ADN des Brestois.
Après huit ans sans Fêtes maritimes, le maire de Brest apprécie de pouvoir à nouveau hisser la grand-voile dans la capitale du Ponant.
Après huit années d’attente, on renoue enfin avec les fêtes. Une nécessité après la crise de la covid qui avait contraint à annuler l’édition 2020. Les Fêtes maritimes, ce grand rassemblement populaire (712 000 visiteurs en 2016) font partie de l’ADN brestois et du paysage estival tous les quatre ans. Aujourd’hui, cela fait plaisir de retrouver l’ensemble des bénévoles (au nombre de 2 300) sans lesquels on ne serait pas là…
Les Fêtes maritimes font leur grand retour, et ça bouillonne autour de la rade ! Chacun y va de son anecdote qui ébauche un tableau des festivités.
Un après-midi bien tranquille au port de Brest, il n’y a que le bruit des goélands pour couvrir les vrombissements de moteurs de chantier ou de bateaux.
Les restaurateurs ont fini leur service, les premiers demis des gens pressés de commencer sont tirés. Pas de tintement de couverts ni de rires aux éclats dans ce bar tamisé sur le Parc à Chaînes.
Mais une musique plus tonitruante parvient aux oreilles du patron des lieux quand il pense aux Fêtes maritimes. « Ça va être un mois concentré sur une semaine ! ». Il connaît bien l’exercice : il a chevauché la bête à trois reprises. « La pression devra être moins forte cette édition. Depuis 2016, une dizaine de restaurants ont ouvert sur le port. »
Le port de Brest accueille onze espaces et villages thématiques qui développent chacun une facette de l’océan et des gens qui en vivent. Ces villages et Escales sont :
Le village tourisme, le village Sauvetage et actions de l’État en mer, Village Protection de l’Océan, Escale Polaire, Village Patrimoine maritime, Village des Jeux, Escale Pacifique, Escale Atlantique, Village enfants, Escale Manche et mer Celtique et Escale Méditerranée.
Conseils pour profiter de la fête :
1 – faire une liste de bateaux à admirer ou à visiter (Quand t’as vu 1000 bateaux, ne va pas croire que tu les as tous vus !)
2 – le groupe à voir : notamment le groupe de techno-trad qui joue de la bombarde et de la cornemuse, accompagnées de sonorités de musique électronique.
3 – devenir ami avec un plaisancier (peu de personnes peuvent se vanter d’avoir une embarcation à la Marina du Château).
4 – Choisir son spot pour admirer le spectacle hors du commun de la grande parade du 17 juillet entre les ports de Brest et de Douarnenez.